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La montagne ca vous gagne!
1 septembre 2010

GR 10 2010 de Mérens les Vals à Siguer

Après une pause en 2009, nous poursuivons la "grande traversée" en territoire ariégeois...

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GR 10 août 2010

Cette année, j'ai la chance de démarrer la troisième étape GRdiste tout près de la maison, étant donné que je viens de déménager en Ariège. Eric et Océane viennent me rejoindre à la maison dès le dimanche soir afin d'être au plus près du point de départ de l'aventure dès le lendemain.

Il nous faut environ 1h30 pour aller jusqu'à Mérens les Vals; le temps pour Eric de faire 4 courses le matin et nous sommes prêts à gravir les monts vers 11h30.

 

Jour 1 (lundi 23 août) : Mérens les Vals - Refuge de Rulhe.

Altitude la plus basse : Mérens (1050 m)

Altitude la plus haute : Crête de la Lhasse (2439 m)

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Nous voilà donc partis à l'assaut de la montagne. Hormis la course du Canigou le 2 août de l'an dernier et une petite escapade en Haute-Savoie où je n'ai pour ainsi dire pas randonné, je réalise que c'est la première fois depuis août 2008 que mes pieds vont à nouveau fouler le rocher. Cela me fait tout bizarre... De plus, partir de Mérens a une dimension symbolique qui m'émeut quelque peu... Mais bon, il faut songer au départ! Les jambes me démangent!!! Elles me démangent d'ailleurs depuis que j'ai pris place dans la voiture!!!

Depuis un moment, mon regard est tourné vers les sommets et déjà je n'ai qu'une envie : grimper!!

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Après avoir traversé la Nationale 20, nous cheminons à couvert, entre le bois de l'Artigue et le bois de l'Ubac, le long du Marguillou. Océane (13 ans) peine déjà. Il faut dire que le dénivelé positif est très important dès le départ... Le démarrage à froid n'est pas facile! 

Je constate une erreur par rapport à la carte IGN. Effectivement, le chemin que nous empruntons diffère du tracé sur la carte. Nous ne sommes pas sur la même rive du torrent. Enfin, cela n'est pas bien grave; le balisage est correct, nous ne risquons pas de nous perdre (quoique...) et de plus, le sentier que nous suivons est agréable et nous évite la piste forestière qui mène jusqu'à un parking.

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Nous nous arrêtons rapidement pour prendre le premier repas GR10 de cette année, à même le chemin, bien à l'ombre des arbres, peu avant une

cascade. C'est ainsi que passent devant nous un homme, son père (?) et sa fille (?). Ils sont très légèrement chargés et ne vont probablement pas très loin...

En effet, à à peine deux kilomètres de là, il y a un petit étang (l'estagnol) où se trouve pas mal de monde, surtout des familles. Du parking ("terminus" de la piste forestière dont je parle précédemment), et moyennant un petit dénivelé (à peine 100 m), cette étendue d'eau est facilement accessible, donc, pas étonnant que ce site soit fréquenté, surtout en ce jour caniculaire!

Il y a pas mal de chevaux, qu'Océane - qui va mieux  mais pas tout à fait bien - ne prend même pas la peine d'approcher...

Nous laissons sur notre gauche le sentier qui mène à l'étang de Comte pour continuer notre progression ou plutôt notre ascension, lentement mais sûrement, vers la crête de la Lhasse.

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Vues depuis la crête de la Lhasse, avec à droite, un zoom sur les carrières de talc de Luzenac. Le soleil radieux nous a permis d'avoir un magnifique panorama depuis le point culminant de la journée.

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La montée est parsemée de quelques myrtilles, qu'il est bien difficile de cueillir quand elles rasent le sol, à cause de notre sac encombrant!!! Heureusement, parfois, avec la pente, elles se trouvent (presque) à hauteur de main.

Je suis agréablement surprise de trouver des framboises, juste au moment où après avoir reconnu des pieds de framboisiers, je regrettais que ça ne soit plus la saison... Et bien si! Nous nous régalons. Enfin, très modestement, puisque nous en trouvons seulement ... trois! Une chacun!!! Mais c'est un petit plaisir que nous apprécions tout de même!

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Nous traversons plusieurs zones de pierriers dans lesquels, curieusement, je ne me sens pas à l'aise. Est-ce à cause de mes nouvelles chaussures? Toujours est-il que je me surprends, que je surprends également Eric, car c'est habituellement un terrain où je m'éclate. Là, le plaisir n'est pas de la partie et cela m'agace un peu... Nous surprenons des marmottes s'amusant dans les rochers; c'est comme si elles me narguaient, tiens! 

 

Après la crête de la Lhasse, nous restons entre 2439 m et 2200 m d'altitude, en allant contourner par le Nord Est un petit étang avant de rejoindre le refuge du Rulhe.

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Nous arrivons tardivement au refuge et nous hâtons de planter la tente avant la tombée de la nuit.

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Au loin, des voiles cotonneux émergent. Une mer de nuages prend ainsi naissance sous nos yeux. C'est un spectacle dont je ne me lasse pas!

En nous retournant, un autre spectacle nous attend : un lever de lune entre les montagnes... C'est tout simplement magique, magnifique. Et c'est génial de se dire que l'on peut assister à de telles scènes au seul prix d'un effort physique, et encore, à mon sens, je ne qualifierai même pas cela d'effort, tant j'aime parcourir la montagne...

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Le vent se lève avec la nuit... Vite, nous allons nous mettre dans nos duvets. La journée a été longue (8h30 à 9h avec les pauses) et nous avons besoin de repos. Océane s'est montrée très courageuse pour cette reprise, et je lui trouve bien du mérite, elle qui se plaignait au début de "marcher pour marcher"... Nous sommes finalement arrivés à destination alors que nous n'avions aucune certitude à ce propos en partant le matin... Encore bravo!

 

 

Jour 2 (mardi 24 août) : Refuge de Rulhe - Cabane des Clarans.

Altitude la plus basse : 1080 m (cabane des Clarans)

Altitude la plus haute : 2386 m (pic de Behl)

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Ce matin, réveil à 8h30. En sortant de la tente et en regardant tout autour de nous, nous constatons qu'il y a une mer de nuages dans la vallée, ainsi que des nuages hauts. Pour le moment, nous sommes entre les deux couvertures... mais tandis qu'Océane et moi faisons une petite toilette dans le refuge, la brume masque de plus en plus intensément la vue que nous avions de la fenêtre. Le temps de finir de ranger nos affaires et de plier la tente, les deux couches finissent de se rejoindre. Ca y est, nous sommes dans les nuages... Jusqu'au col de terre nègre (2304 m) et celui de Behl (2247 m), nous avons droit tout de même à quelques rayons de soleil, ce qui nous laisse un peu d'espoir pour la suite... Hélas, cet espoir est de courte durée!

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En effet, nous parcourons la crête des isards sans voir le paysage. On devine tout juste que ça plonge, parfois à droite, parfois à gauche, mais sans plus... Une trouée à la fin de la crête nous permet tout de même d'apercevoir un étang... Toujours dans la brume, nous passons le col de la Didorte (2093 m) puis préparons notre repas dans une cabane de berger, non mentionnée sur la carte, et que nous sommes bien contents de trouver! Elle est en sortie de pierrier, dans une zone marécageuse, sur le prat moll. Avant de partir, je laisse un petit mot de remerciement au berger, qui, sans le savoir, nous a bien rendu service.

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La pluie se met à tomber juste avant le plateau de Beille, tout doucement, mais cela nous oblige tout de même à sortir les ponchos!!!

Eric connaît bien cette zone, il regrette pour moi que je ne puisse profiter du paysage, magnifique, d'autant plus que le cheminement me semble un peu long; ce n'est pas forcément agréable de marcher sur une grande piste...

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Les conditions météo rendent la progression assez monotone. Heureusement que nous discutons!!! A ce moment, Océane a un regain d'énergie et elle fonce à quelques mètres devant nous. Sa philosophie : "Plus je vais vite, plus vite je serai arrivée". C'est une façon de voir les choses!!!

Nous commettons une petite erreur au restaurant de Beille, prenant une piste trop à gauche, sur environ 300 mètres. Un cheval descend du sous-bois pour nous rejoindre au moment où nous faisons demi-tour et faire un bout de chemin avec nous; il nous accompagne ainsi jusqu'à l'intersection où nous nous sommes trompés.

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Nous nous arrêtons à proximité d'une petite cascade en sortie de plateau pour prendre un petit en-cas, ignorant à ce moment du parcours si nous pourrons aller jusqu'à la cabane des Clarans, car Océane a mal aux pieds. Quoiqu'il en soit, il nous faut au moins aller jusqu'à la jasse d'Artaran... Là-bas, il y a une cabane où nous pourrons peut-être nous poser. Nous y arrivons d'ailleurs rapidement, pour constater que l'abri est certes bienvenu pour se réfugier en cas d'orage, mais très sommaire (mini plancher à même le sol). Le temps pour Océane de mettre des chaussettes sèches et nous voilà repartis vers la cabane des Clarans.

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S'ensuit alors une longue descente dans la forêt, bien humide... Tiens, il y a des fougères (ma plante préférée)!!! Le dénivelé négatif (presque 700 m) se fait bien sentir dans les cuisses... Vive l'Ariège, la "terre courage" : pour rallier un point à un autre, on n'y va pas par 4 chemins!

Il nous tarde d'arriver aux Clarans, car depuis le début, une question nous taraude l'esprit : la cabane est connue pour abriter des loirs; seront-ils là pour nous accueillir? Et surtout, nous laisseront-ils dormir?

Nous arrivons sur le site sous la pluie, avec le bas du pantalon mouillé, car même si cette pluie est légère, la végétation dans laquelle nous avons progressé est bien détrempée, elle!

La cabane des Clarans est fidèle à sa réputation : déjà, elle est très très bien, ensuite, les loirs sont là! Trois jolies petites créatures nous accueillent - nous avons dû les réveiller. Curieux, ils n'arrêtent pas d'aller et venir sur le mur; nous leur donnons un peu de fruits secs.

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Pour le moment, ils sont très calmes... Pourvu que ça dure car nous sommes un peu fatigués et espérons passer une bonne nuit de sommeil...

Nous nous couchons rapidement après le repas et le feu de cheminée. Eric, qui semblait le moins fatigué de nous trois, s'endort finalement le premier, comme .. un loir! Océane et moi ne parvenons pas à trouver le sommeil et quand on tombe dans les bras de Morphée, on entend soudain un raffût du tonnerre. Eric a accroché son sac de nourriture ainsi que la poubelle à une poutre, pour le plus grand plaisir des loirs qui vont fouiner à l'intérieur, vous pensez bien! Océane et moi nous levons alors (il est 1 heure du matin) pour aller déloger les intrus.

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Il y en a un dans le sac poubelle, qui fait peur à Océane, car elle le touche en tentant de faire bouger le sac... Mais cela a pour effet immédiat de faire fuir la bête. Je mets le sac poubelle dehors et la nourriture dans le sac à dos d'Eric, ce qui aurait dû être fait dès le début. Je le maudis d'ailleurs à ce propos : sachant que les loirs sont gourmands et nocturnes, il aurait dû penser que c'était évident qu'ils iraient fureter dans la nourriture et par conséquent ne pas la laisser à leur portée... Et bien non!

Je le maudis même doublement car non seulement, à cause de ses bêtises, c'est Océane et moi qui ne parvenons pas à dormir, mais en plus, lui dort à poings fermés, et le bruit que nous avons fait au cours de notre chasse nocturne ne l'a nullement perturbé! Grrrrr...

Le reste de la nuit se passe bien; j'entends juste parfois les loirs dans les popottes que nous avons laissées sur la table. Il y a des restes de soupe, et ils doivent se charger de nettoyer tout cela!!!

Sinon, hormis trois petits cris poussés juste après notre chasse nocturne, probablement pour nous signifier leur mécontentement, ils se montrent vraiment adorables.

 

Au final, cette longue journée (8h de marche, avec les pauses) ne fut pas si désagréable, même s'il est regrettable que nous ayions progressé dans le paysage sans jamais le voir. Cela fait partie des risques en randonnée itinérante; il faut savoir "faire avec" (ou "sans") et la rencontre avec les loirs a surpassé cette "déception". De toutes façons, contre la météo, nous ne pouvons rien!

 

 

Jour 3 (mercredi 25 août) : cabane des Clarans - cabane du Courtal Marti 

 Altitude la plus basse : parking des Clarans (1040 m)

Altitude la plus haute : cabane du Courtal Marti (1812 m)

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Puisque nous avons passé une nuit peu reposante (enfin, Océane et moi) le départ se fait tranquillement vers 10h30 après une toilette au parking des Clarans, à 5 minutes de la cabane.

La journée commence par une belle grimpette  : en effet, la montée dans la forêt est ardue et correspond en fait à ce que nous avons descendu hier de l'autre côté de la vallée. Heureusement d'ailleurs que nous sommes protégés du soleil par cette forêt de hêtres, chênes et bouleaux parce qu' il est brûlant en ce milieu de matinée.

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Nous déjeunons au bord de la rivière avant de sortir du bois pour profiter au maximum de l'ombre, de la fraîcheur et bien sûr, de l'eau pour faire la vaisselle (avec du gravier et du sable). Nous trouvons encore quelques myrtilles, idéales pour un supplément de dessert! De la "barbe de troll" est également accrochée aux arbres.

Un peu plus loin, lors d'une pause d'Océane, je vais faire un peu de lessive car les chaussettes mouillées que je traîne sur le sac à dos depuis ce matin m'indisposent quelque peu lorsqu'un brin de vent vient m'apporter leurs effluves, certes légères, mais bon...

 

La sortie du bois se fait dans un océan de fougères.. Ca me stresse!!!

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Moi qui déteste cela, je suis servie! Quelques jours après, je découvrirai dans un commerce une carte postale qui illustre parfaitement ce que nous venons de traverser : des randonneurs surgissant d'une immense étendue de fougères, avec écrit dessus : "Si, si, rando en Ariège!". C'est assez incroyable!

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Océane souffre du ventre depuis ce matin. La pauvre, entre ces douleurs et celles aux pieds, ce n'est pas très drôle pour elle. Mais en mère courage, elle poursuit le chemin, avec des pauses régulières. Lorsque nous arrivons au Sirmont (1693 m), nous faisons d'ailleurs une bonne halte.

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 Vues depuis le Sirmont.

 

Nous avons toujours une vue sur les carrières de talc de Luzenac, au loin. Nous profitons de cette pause pour sortir la carte et la boussole afin de repérer notre destination du jour.

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Comme sur la carte, nous constatons de visu qu'il va nous falloir redescendre à travers une forêt débouchant dans la jasse de Sirbal, avant de remonter vers la cabane de Belledreyt (1594 m).

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Les paysages sont sublimes, magnifiés par un soleil éclatant, qui va d'ailleurs nous faire souffrir au cours de la dernière ascension entre la cabane de Belledreyt et la cabane du courtal Marti (1812 m). En effet, en moins d'un kilomètre de marche, nous allons nous prendre 216 mètres de dénivelé positif, autrement dit, un mur! Avec le soleil de plomb, dur, dur!!!

Enfin, pas tant que ça... En réalité, ce mur m'a donné des ailes. J'ai adoré! Vraiment! C'est comme si cette petite difficulté m'avait permis de me dégourdir les jambes. 

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Nos efforts de la journée sont récompensés par l'arrivée au Courtal Marti : site magnifique, vue imprenable sur les sommets environnants, soleil toujours présent, son des cloches de vaches et surtout, surtout... des boissons nous attendent dans la cabane.  Elles sont en libre-service et sont à payer au petit gîte de Siguer (ou au refuge de Rulhe pour les randonneurs allant vers l'Est). Il y a même en temps ordinaire des barres chocolatées, mais la boîte est vide. Pas de "mars" pour nous! Snif!

C'est vraiment une initiative sympathique, basée sur la confiance, et cela fait plaisir de constater que ce type de comportement humain existe encore. On voudrait qu'il y en ait plus...

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Vues depuis le courtal marti.

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Nous profitons de la présence du soleil pour monter la tente, que nous avions pliée humide deux soirs auparavant, et que nous n'avions pu faire sécher depuis. Nous prenons le temps de nous poser tranquillement... Enfin, presque... Immédiatemment après avoir retiré chaussures et chaussettes, j'effectue des allers/retours pieds nus dans l'herbe du patûrage. C'est un délice! Cela stimule et masse en même temps; le plaisir est indéfinissable. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai la bougeotte, je n'arrive pas à m'arrêter de marcher; mon corps est en éveil. J'aurais presqu'envie de courir! Est-ce ce mur entre les deux cabanes qui a surstimulé mon organisme, m'a mis des fourmis dans les jambes? Mais bon, il faut se calmer; pas la peine d'en faire trop!!!

 

Océane va faire sa toilette dans l'ancien bassin qui se trouve à proximité de la cabane. Au bout d'un moment qui me semble long, je me sens obligée de me diriger vers cet abreuvoir pour y déloger la belle qui prend tout son temps... Eric et moi avons envie de nous laver avant la tombée du jour, diantre!

Comme je la comprends! Cet abreuvoir insignifiant prend soudain des allures de baignoire grand luxe dans la salle de bains d'un hôtel 5 étoiles (bon, ok moins une pour les mouches!) pour nous qui ne nous sommes pas lavés à grande eau depuis lundi matin! Bien sûr, nous ne plongeons pas dedans, mais profitons de l'eau qui s'écoule pour nous laver et rincer correctement. Ca fait un bien fou!

Nous voilà fin prêts à manger...

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A proximité de la cabane, se trouve le chalet du vacher exerçant ici, avec chiens et poules. Le propriétaire de l'un des cheptels est là. Il apprend à Eric que pour 1000 têtes environ, il y a 17 éleveurs et un vacher pour s'en occuper pendant 4 mois (de mai à septembre). Le vacher, quant à lui, est en train de travailler dans les montagnes...

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 La nuit promet d'être magnifique. Nous assitons à un magnifique lever de lune, encore plus

impressionnant que celui de lundi car la nuit n'est pas encore tombée. En l'espace de quelques secondes seulement, nous pouvons voir sa progression dans le ciel. C'est impressionnant de rapidité!

Comme la belle est discrète et ne se laisse pas dévoiler facilement, elle apparait sous deux voiles de nuages, lui donnant à un moment l'allure d'une tête de pirate avec un bandana, un bandeau sur les yeux, le nez, puis la bouche faisant la moue... Je suis la seule à voir cette image. L'altitude me fait déborder d'imagination, on dirait!!!!!!!!

 

Comme la tente est plantée, Océane et Eric décident d'y dormir. Océane aurait bien aimé être seule, mais son père voit les choses différemment et tente avec cette opération, de faire dire à sa fille le prénom de son petit copain.... Elle aura beau déployer toute son énergie pour le faire déguerpir, rien n'y fera, il restera accroché à ses basques! La pauvre...

Quant à moi, je m'installe confortablement dans la cabane, où il fait chaud; les murs en pierre ont gardé la chaleur accumulée au cours de la journée... Quand le vacher rejoint son chalet, nous sommes déjà tous couchés. Je sais qu'il est de retour car son chien, en passant, vient pointer le bout se son nez à la porte de la cabane, ce qui d'ailleurs me fait peur!

  

Enfin, tout ce petit monde s'endort au son des cloches. Vu le magnifique panorama, nous décidons, Eric et moi, de nous lever demain à 6 heures pour voir le soleil se lever.

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Jour 4 (jeudi 26 août) : Cabane du Courtal Marti - Siguer

Altitude la plus basse : Siguer (740 m)

Altitude la plus haute : Pla de Montcamp (1905 m)

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Comme cela avait été convenu la veille, je me réveille à 6h. Je m'installe devant la cabane, le ciel est encore noir, j'attends donc quelques minutes avant d'aller réveiller Eric.

Il y a encore des étoiles dans le ciel, ainsi que la lune, au Sud Ouest. Le ciel commence à rosir, les montagnes se dessinent.

Je vais secouer Eric. En effet, l'aube laissant place à l'aurore très rapidement, cela serait dommage qu'il rate le spectacle...

Comme j'ai encore un peu de mal à émerger, je m'allonge sur le petit muret de la cabane (dur, dur, le réveil matinal!!!). Cette position me permet de voir une étoile filante, juste avant que le soleil ne fasse son apparition. Chouette! 

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Il est des instants magiques où le ciel nous présente ses acteurs simultanément, et de manière si éphémère qu'il ne faut pas les rater. Les étoiles, la lune, le soleil....... Notre présence au bon endroit, au bon moment, nous fait apprécier ces moments simples de la vie, mais si forts...

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C'est incroyable! La lune et le soleil ont fait leur entrée sur scène exactement au même endroit. Au fil de la nuit, la lune s'est peu à peu déplacée, effectuant sa ronde autour de la Terre, pour laisser la place au soleil. Avec leurs complices les étoiles, ils nous transportent dans leur tourbillon incessant. Mais c'est nous qui bougeons, qui tourbillonnons!

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A 7 heures environ, le décor est planté, l'astre rougeoyant fait son apparition. Je le laisse monter encore un peu à l'horizon avant de retourner me coucher. Aujourd'hui, c'est une petite journée, puisque nous nous arrêtons à Siguer et le parcours est moins difficile que les jours précédents. Aussi, nous laissons dormir Océane, donc nous pouvons nous permettre un petit cycle de sommeil supplémentaire.

Avec le soleil, le vent aussi s'est levé. Ce n'est pas un mal, la journée promettant d'être encore très chaude.

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Nous quittons les lieux après avoir un peu discuté avec le vacher. Moment sympathique...

 

Le chemin jusqu'au col du Sasc se fait tranquillement, Océane et moi en tête de peloton... Nous remarquons que sur cette partie, le balisage laisse à désirer...

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Enfin, en montant vers le Pla de Montcamp, il y a sur le rocher une énorme marque rouge et blanche, certes défraîchie, mais bien visible par beau temps, comme pour nous dire : "ben vous voyez que c'est bien balisé!".

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Le Pla de Montcamp sera notre aire de pique-nique pour aujourd'hui. Comme nous ne sommes pas pressés, nous prenons le temps de sortir la carte et la boussole pour situer les sommets environnants, ainsi que les villages nichés dans la montagne. Gesties, Siguer...

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Eric et moi ne sommes pas d'accord sur la localisation d'un 3ème bourg que nous voyons vers le nord-est. Pour moi, il est impossible que ce soit Norgeat. L'azimut ne correspond pas du tout. Pourtant, c'est curieux, sur la carte, aucun autre village n'est mentionné plus à l'Ouest. Nous laissons tomber, pensant toutefois qu'une erreur sur la carte ne peut pas être aussi grosse... Curieux!

Et ce pic, là-haut, ne serait-ce pas l'Estat? Pour le coup, nous sommes formels tous les deux : après avoir fait le point, nous sommes sûrs que ce n'est pas lui!

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Mon regard s'attarde vers la plaine.. Je pense que la ville que nous voyons doit être Pamiers. Dans un premier temps, je crois que la seconde ville est Foix, mais je me ravise, car après réflexion je me dis que c'est plutôt Tarascon, avec sa grosse usine. Cela correspond bien au défilé de la N20 dans la vallée, et vu l'enclavement de Foix, il ne doit pas nous être possible de la voir d'ici. Et ce massif qui fait une barre, ne serait-ce pas les Monts d'Olmes, ou le Plantaurel? Alors ma maison n'est pas loin, nichée quelque part dans ces vallons...

 

Bon allez, ce n'est pas le tout, il nous faut poursuivre notre route. Siguer est à vue, mais nous n'y sommes pas parvenus pour autant!

Nous descendons vers le col de Gamel (1389 m) sous le soleil, mais un léger souffle de vent nous accompagne toujours donc nous ne souffrons pas de la chaleur.

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Passé le col, la descente se poursuit à couvert (bien que sur la carte IGN, il n'y ait aucune forêt à cet endroit; bizarre); l'endroit est même humide par rapport à ce que nous avons eu l'habitude de connaître...

Gestiès est parfois visible au détour du chemin, à travers les arbres. Près d'une intersection, un panneau indicateur nous confirme que le village vu depuis le Sirmont tout à l'heure n'est pas Norgeat. Ouf; ça rassure!

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Avant d'atteindre le village, nous passons par un chemin bordé de granges en ruine.

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Soudain, nous arrivons à Gestiès. Le choc est violent : la chaleur réverbérée par le bitume de la route est insupportable. Vite! Vite! De l'ombre! On étouffe...

Il n'y a pas âme qui vive ici; tous les volets sont fermés. Ou le village est déserté, ou les habitants se protègent du soleil. Nous nous dépêchons de faire le plein d'eau avant de partir en quête d'un petit bar pour nous désaltérer. En vain! Au fur et à mesure de notre cheminement, nous constatons avec regret qu'il n'ya rien! Nous devrons nous contenter d'eau!

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Avant de poursuivre notre route, nous regardons au loin, le village perché un peu plus haut, pensant que c'est Siguer, sans trop comprendre, car il est plus bas en altitude que Gestiès. En fait, c'est Lercoul. Siguer se trouve niché en bas et semble tout près, si près que nous n'avions pu imaginer que c'était lui!

 

Effectivement, nous y arrivons très rapidement. C'est un joli village, très pittoresque avec ses rues étroites, ses maisons et ses couleurs.

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Nous nous rendons rapidement au "petit gîte", puisque j'ai longuement entendu parler de ce lieu très sympathique, tenu par Fabrice. Et bien, Fabrice n'est pas là! Il est au bord de la rivière. Qu'à cela ne tienne; nous visitons le lieu et nous servons un rafraîchissement et un fruit. C'est le principe du gîte : nous pouvons nous servir librement; il suffit de mettre la somme correspondant à notre consommation dans une boîte metallique posée sur la table.

Océane souffre toujours énormément des pieds. La randonnée n'est plus un plaisir pour elle. Son père lui demande alors de décider si elle souhaite poursuivre l'aventure ou la stopper. Nous sommes effectivement dans un endroit facile d'accès pour venir nous rechercher et si nous continuons, il faudra nous engager pour quelques kilomètres supplémentaires sans pouvoir faire marche arrière.

Quel choix difficile! Océane se retrouve partagée entre son désir d'aller au bout (6 jours de randonnée) et l'envie d'arrêter à cause de la souffrance. Après mûre réflexion, elle décide de stopper mais cela lui fend le coeur "de nous priver de la montagne", son père et moi.

Quel grand coeur! J'admire son courage, sa détermination à vouloir continuer malgré la douleur, et sa générosité envers nous. C'est vraiment une "grande" fille. Chapeau!

Eric et moi insistons sur le fait que ce qui importe, c'est elle, et sa souffrance. Nous n'avons pas de déception à avoir, il s'agit d' une aventure partagée; quand quelqu'un est en difficulté, il est normal d'être solidaire!

C'est avec un gros noeud à l'estomac et des larmes coulant sur son visage qu'Océane s'exprime : "Comme dit Sophie, c'est dur de partir, puis quand on y est, on est content, et c'est vrai; mais là, j'ai trop mal aux pieds".

Comme la décision est prise, j'appelle Eric C. afin qu'il vienne nous rechercher dans la soirée. 

Entre-temps, Fabrice est arrivé. Nous lui demandons s'il est possible de dîner au gîte ce soir. Cela ne posant pas de problème, nous pouvons désormais prendre notre temps en attendant le repas.

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Nous allons nous rafraîchir au bord de la rivière, y trempons nos pieds et évidemment, qui finit par se mouiller complètement? Encore une fois, je n'ai pu résister!

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Cela fait un bien fou! Nous allons nous promener dans le village. Il y a un magnifique lavoir avec une charpente très ancienne, de construction traditionnelle devant laquelle nous restons béats d'admiration. Plus loin, au bord de la route, nous découvrons trois habitations troglodytiques. Sont-elles habitées? Il semblerait que oui! Mystère...

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Nous retournons au gîte, où il y a un groupe de quatre sexagénaires ayant une pêche d'enfer. De vrais baroudeurs, ceux-là! Il y a également deux jeunes flamands qui ont l'air complètement hachés. Ils font le GR 10 de façon assez intense, on dirait!

Eric et Anthony arrivent; le temps de discuter un peu et il est l'heure de dîner. Au menu : salade mixte, côtes de porc avec pommes de terre-carotte et poire au vin. Un vrai régal. De la cuisine maison, simple, concoctée par Fabrice. Ce soir, tout était prêt, sinon, le principe est que tout le monde mette la main à la pâte. Nous le ferons d'ailleurs pour mettre, débarasser la table et faire la vaisselle.

Le prix des repas n'est pas fixé. C'est à chacun d'en estimer le coût et de donner selon ses moyens, ou sa générosité. En parlant de générosité, Fabrice nous fait part de son regret d'avoir à plusieurs reprises constaté que c'était souvent ceux qui étaient à l'abri du besoin qui étaient le moins généreux. Et oui, la randonnée n'échappe pas à la règle et ne rend pas meilleurs les humains... Ils sont dans la nature le reflet de ce qu'ils sont dans la vie de tous les jours. Quel dommage!

Eric s'acquitte des repas du soir ainsi que des consommations prises au Cortal Marti. Merci à lui...

Il commence à se faire tard; les randonneurs qui vont poursuivre leur chemin le lendemain sont fatigués et ont besoin de calme pour s'endormir; nous quittons donc les lieux, pour retourner, la tête pleine d'images, vers notre quotidien...

 

duvet 

Trois semaines après notre retour, si je devais exprimer mon ressenti sur ces quatre jours, je noterais, en vrac :

- l'émotion d'avoir revu Océane, alors que je descendais les escaliers, à la maison le dimanche soir

- l'admiration face au courage, à la volonté et à la générosité de cette "petite"

- le regret que Laurent n'aie pas partagé cette aventure avec nous, comme il y a deux ans

- le lever de soleil au courtal marti

- le ciel bleu

- la montée entre Belledreyt et le courtal Marti

- l'atmosphère dégagée sur le Courtal Marti

- les loirs

- le partage des repas

- les Tic-tac

- les moments où nous étions penchés sur la carte

- la baignade dans le cours d'eau. Chaque étape du GR10 s'est terminée par un bain pour moi : en 2007 à la cascade des pigeons (près de Mariailles), en 2008 dans les bains chauds à proximité de Mérens (tiens, curieusement, le "chaud" a fait venir tout le monde dans l'eau!) et en 2010 dans le ruisseau de Siguer... 

- ...

 

On pourrait me demander si je n'ai pas regretté que cette aventure ne nous aie pas menés à destination (Mounicou ou Aulus). A cela, je réponds un grand NON, car même si je ne cache pas qu'à certains moments, j'ai pu ressentir une légère "frustration", parce que je suis de nature à "foncer", je savais qu'il faudrait s'adapter au rythme d'Océane, et ce qui importait durant ces quelques jours, c'était de cheminer ensemble, l'aventure humaine primant sur la performance ou dans une moindre mesure, l'effort physique. C'est dans de telles situations que la notion de partage prend toute sa signification, non?

Bien sûr, on pourrait penser : "A ce rythme-là, ils ne sont pas près de tremper les pieds dans l'Atlantique!". Oui, c'est vrai; et alors? Moi je pense au projet de départ, qui était celui d'Eric et de ses filles. C'est cette décision prise à un moment de sa vie qui rend cette aventure aussi forte. Peu importe le temps que ça prendra... Peut-être même qu'Océane, comme sa soeur Maéva, finira par lâcher le projet. Et on ne pourra pas lui en vouloir pour cela, de la même façon que je n'en veux pas à Laurent de ne plus partager ce désir de crapahuter... Mais ce qui est pris est pris et je suis certaine que ces moments de partage resteront gravés dans leur mémoire, ce qui fait probablement qu'un jour, ils auront eux aussi cette passion de la montagne, de la nature et des grands espaces. 

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La montagne ca vous gagne!
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