La Pena Montanesa et le cirque d'Armena, mai 2014
La Pena Montanesa (2291 m) par la Faixa Toro (variante de la voie normale SO)
Le cirque d’Armena depuis Barbaruens
Fin mai 2014
Jeudi 29, après 4 bonnes heures de route et la déception de constater que la météo n’est pas meilleure de l’autre côté du tunnel (de Bielsa), et même avoir essuyé quelques averses espagnoles à travers le pare-brise, la météo nous laisse un peu de répit et nous permet d’installer le bivouac, à proximité du lieu de départ de la randonnée de demain (environ 600 mètres avant le monastère de San Victoria). Quelle chance ! Nous allons profiter de cette accalmie durant toute la soirée…
Nous avons tout ce qu'il faut...
Un camping à nous tous seuls...
Matthieu fait bande à part...
La Faixa Toro bien visible...
Après une nuit traversée par quelques ondées, vendredi 30, 6h57, c’est le départ pour le sommet de la Pena Montanesa (2291 m) par la Faixa Toro, variante de la voie normale SO, signalé par un panneau à 1080 m d’altitude impossible à rater.
Cette vire située en pleine falaise est repérable du bas : c’est la « ligne » verte à gauche de la falaise.
Le dessin de Pierre Carrière montre bien le cheminement :
Attention à la toponymie. Il semblerait que cette vire était précédemment nommée « vire des chèvres » ; cette dernière est en fait une autre vire, la supérieure, celle située au-dessus de la « nôtre ».
Pour le moment, et jusqu’à 1530 m environ, nous empruntons le bon sentier de la voie normale. Nous croyons que cet arbre isolé est le point de repère mentionné dans certains topos pour quitter la voie normale, mais non !
C’est une peinture rouge qui nous indique le changement d’itinéraire, une heure après notre départ.
La vue est belle…
Dix minutes plus tard, le muret et le pin isolé nous signalent le départ du couloir descendant menant à la vire.
C’est l’occasion de faire un peu de gym…
La végétation est dense, mais heureusement ! Les buis nous sont d’une aide précieuse dans cette raide descente !
On croit qu’une fois cette portion terminée, on va enfin découvrir la vire… Mais non ! Il faut d’abord remonter un pierrier !
Enfin, nous parvenons à la Faixa Toro, deux heures après le départ,
et sur laquelle nous allons cheminer une petite heure. C’est magnifique !
Nous traversons un premier couloir.
La brume crée une ambiance particulière…
… et avec la végétation dense par endroits, cela amoindrit peut-être la sensation de vide mentionnée dans les topos…
Il faut contourner le pilar de Sobrarbe…
… l’ambiance est toujours fantômatique…
Enfin, nous parvenons au pied du couloir qu’il va falloir remonter pour récupérer la voie normale. Au départ, c’est rigolo…
On passe un premier ressaut…
Le groupe surgit dans la brume…
Le second ressaut oppose de la résistance, le rocher est humide, alors on passe un peu plus à droite, dans les buis…
Après nous être rayé les bras, les jambes malgré le pantalon, et avoir fait très attention aux chutes de pierre, nous sortons soulagés de cette portion qui nous aura pris une bonne heure, et retrouvons un sentier menant à la voie normale.
Nous suivons le cheminement inférieur de la voie SO, qui descend un peu avant de rejoindre le versant de la Pena. La brume s’épaissit ; il faut rester groupés…
La neige est tombée il y a peu
et nous arrivons au sommet dans une ambiance toujours aussi fantomatique, 5 heures après notre départ !
Après une bonne demi-heure de pause repas sous quelques flocons (sommes-nous vraiment en Espagne un 30 Mai ???), nous repartons par la crête qui nous amène à la brèche du couloir N de la Pena Montanesa.
Mais ce n’est pas par là que nous allons descendre, puisque nous sommes garés au pied du versant sud !!! Alors nous continuons sur ce cheminement supérieur, au pied des falaises. Le voile nuageux se dissipe. Zut, nous sommes arrivés au sommet 30 mn trop tôt. Provocateur, il se dévoile tandis que nous descendons... Timing mal réglé !
Toutefois, la météo reste très capricieuse :
Après une petite traversée, nous parvenons au plateau incliné de los Plans. Un peu plus bas, nous allons voir la petite cabane cachée dans les buis, qui ne sert plus qu’aux brebis, ça se sent !!!
La descente se poursuit…
… et 8 heures pile poil après notre départ, et environ 1400 m de D+ nous voilà de retour au parking.
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Il est 14h55, mais la journée est loin d’être terminée… En effet, nous avons prévu de nous rapprocher du lieu de départ de la randonnée du lendemain, le Cotiella, et même de pousser jusqu’au refuge d’Armena afin d’y passer la nuit.
C’est donc parti pour le pliage des tentes, quelques kilomètres en voiture sur des routes de plus en plus petites sillonnant un magnifique paysage, puis sur une piste en bon état (à partir du hameau de Barbaruens).
On se gare à 1550 mètres d’altitude environ, au terminus de la piste. De là, nous avons 350 m de D+ à faire, avec le sac à dos lesté du nécessaire pour le soir, la nuit, la journée du lendemain, ainsi que la nuit suivante que nous avons prévue de passer aussi au refuge. Après la randonnée que l’on vient de faire, c’est psychologiquement difficile de se dire qu’il va falloir remettre ça, et certains d’entre nous n’ont plus trop envie !
Passé ce cap, et même si ça monte parfois assez rudement, je me sens encore en cannes… Coooooooooool…
La piste se rétrécit rapidement, le cheminement en forêt est très agréable, il s’assagit un instant en bordure de falaise,
franchit un ou deux barrancos,
avant de monter au col à 1907 m.
Le paysage est magnifique et inhabituel.
Nous n’avons plus qu’à descendre au refuge non gardé, situé à 1860 m.
Un jeune couple s’y est déjà installé et a allumé le feu. Une bonne odeur de grillades ne va pas tarder à embaumer le site. Mais pour nous, c’est l’heure de l’apéro.
La cheminée est parfaite, le refuge, doté d’une quinzaine de matelas répartis sur deux étages, est très confortable et situé dans un endroit magnifique. Nous devrions y passer une très bonne nuit !
Nuit au cours de laquelle le vent va souffler, mais c’est bien, car il chasse les nuages… et le matin…
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… c’est-à-dire le samedi 31 mai, quand on part à 7h, le ciel est déjà bleu, et la température change sans arrêt selon notre exposition au vent. Au soleil, il fait bon, mais dès que le vent souffle, ça caille !!! On ne sait pas comment faire avec nos couches de vêtements !!!
Nous traversons un premier petit neve,
sinon, c’est de la caillasse… Mais elle est rapidement recouverte par la neige, tombée il y a 10-15 jours… C’en est impressionnant !
Le Cotiella (2912 m) est là,
le cirque d’Armena est superbe,
mais que de neige ! Le Collado de Cotiella (2650 m) est en vue, mais son couloir gorgé de neige présente quelques coulées et nous invite à la plus grande prudence.
C’est donc là que nous nous arrêterons, vers 2500 m. Tandis qu’une partie du groupe avance encore un peu, jusqu’au pied du couloir, je photographie le chien aux beaux yeux appartenant au jeune couple du refuge.
Une fois le groupe au complet, nous attaquons le retour,
et quittons la neige pour la pierraille qui nous ramène au refuge…
à un peu moins de 11 heures.
L’objectif n’a pas été atteint, mais personne ne s’attendait à ce qu’il y ait autant de neige. Nous avons tous été surpris… En guise de réconfort, on peut dire que le cirque d’Armena est superbe et vaut à lui seul le détour…
Du coup, étant donné l’heure, ça ne sert plus à rien de passer une seconde nuit au refuge et nous pouvons regagner nos demeures aujourd’hui même. Alors nous remballons toutes nos affaires, et repartons par où nous sommes arrivés, non sans avoir pris notre repas d’un peu avant midi…
Nous longeons le lac d’Armena que nous avions délaissé hier. J’espérais bénéficier d’une plus jolie lumière pour le photographier, mais non ! Il se distingue à peine de la roche qui l’encadre
Depuis le col (1907 m), c’est un peu mieux…
… mais ça ne reflète que très médiocrement la réalité !
A 13h12, j’arrive au parking. Mes pieds font floc-floc depuis ce matin et ne demandent qu’à être libérés de leur étreinte de cuir…
Nous croyons que nous serons de retour en France bientôt…
… c’était sans compter sur une course cycliste passant à Seira, où on nous annonce pas moins d’1h45 d’immobilisation totale. Heureusement, le temps de boire un coup au bistrot local, et les derniers arrivants passent, ainsi que la voiture balai, soit le signal que la voie est libre, plus tôt que prévu. Mais…
… à peine avons-nous fait quelques kilomètres que nous voilà de nouveau arrêtés, toujours à cause de cette même course !!!
C’est ainsi que se termine ce périple de deux jours, avec un retour en voiture qui aura pris pas moins de 6h30 – pauses comprises - en ce qui me concerne… de loin la partie la plus fatigante, en fait !!!
Un beau week-end au cours duquel la météo nous a surpris... mais bon, nous n'avons pas eu de pluie ;-)
C'est sans doutes ces conditions qui ont rendu le passage sur la Faixa Toro moins spectaculaire que ce qui en est dit; dommage!
J'ai trouvé le sentier à flanc du Grand Sestrales, certes beaucoup plus court, plus impressionnant...
http://pyreneesmagiques.canalblog.com/archives/2014/05/03/29877809.html
Un lien à suivre pour voir les photos de la Pena Montanesa et son panorama par temps clair
http://pyreneesmagiques.canalblog.com/archives/2013/05/15/27164435.html
Un grand merci à François d'avoir proposé cette sortie CAF et au gentil groupe que nous avons formé au cours de ce week-end (Christian, Nicole, Christine, Mathieu, Jérôme, Nicolas, Fred).
N'hésitez pas à rectifier, compléter et commenter le récit ;-)