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La montagne ca vous gagne!
19 juillet 2021

Mont Rouch de France 2868 m

Lundi 19 juillet 2021, en route pour l'un des deux "fondamentaux" que je me suis fixé pour mon court séjour ariégeois, le Mont Rouch de France. Cela faisait longtemps que j'avais envie d'y aller, mais il faut avouer que ça ne se bousculait pas au portillon lorsque j'émettais l'idée d'aller me balader dans le coin, et même si je suis rompue aux randos en solitaire, hors de question d'aller dans ce coin seule.

Il se trouve que Ludo désire lui aussi le faire, et en plus, il est dispo! Cool!

C'est parti pour le petit village du bout du monde de Salau (à elle seule, la petite route que j'ai prise entre Massat et Oust - D17 - est une invitation au voyage...et à la plus grande prudence - comment fait-on pour s'y croiser?) et le parking de Peyrots, situé sur la route SO menant au cirque d'Anglade.

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On chemine d'abord sur une piste carrossable que l'on quitte peu après la cascade de Léziou. Le ton est donné et ça relève presque du miracle si le panneau est encore visible tant la végétation est envahissante!

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Le parcours en sous bois est parsemé de quelques troncs et branches qui permettent quelques exercices gymniques, comme si la raide pente ne suffisait pas à l'effort!!!

On poursuit le "chemin", une sente le plus souvent masquée par une végétation luxuriante et fort désagréable qui n'est pas sans me rappeler le Caucase (jours 9 et 14). Je pense à l'ours, me disant que si on le surprenait ici, on serait mal; aucun échappatoire et je ne crois pas - bien que ce soit les recommandations - qu'on puisse rester immobile en cas de face à face. Mais le moindre pas de côté est interdit aussi!

Bref, mieux vaut se concentrer sur l'endroit où on met les pieds que de penser à ce genre de choses; pieds qui cherchent et fouillent parfois pour savoir quel type de terrain ils vont trouver!!!

Le parcours se poursuit par une traversée de ravin, équipée d'une main courante - je préfère me tenir au rocher - qui doit être bien utile par temps humide (mais aller dans un tel endroit par temps humide relève de l'inconscience, voire de la folie!), puis file vers le Sud sur des pentes herbeuses, toujours. La vue s'ouvre sur le cirque de Léziou, c'est magnifiquement beau et plein de fleurs!

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Quelques passages au pied des falaises du cap de Léziou pourraient s'avérer problématiques (névés, cascades) mais aujourd'hui, il n'en est rien, et bien que l'on soit seulement mi-juillet, seul un pont de neige barre à peine le chemin; il suffit de descendre de deux mètres à peine pour le contourner.

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La balade devient de moins en moins pénible, je dirais même qu'elle commence à être agréable, on sort peu à peu de la végétation haute et piégeuse à mesure que l'on se rapproche des Clots du dessus.

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Parmi les innombrables fleurs (gentianes, digitales, oeillets et j'en passe) incontestablement, la star du jour, c'est le lys des Pyrénées dont je perçois la présence bien avant de le voir, grâce à son odeur suave.

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Vers 2000 m, nous arrivons à la cabane des clots du dessus (dont une petite partie est ouverte - c'est sommaire mais peut s'avérer utile) et sa source. Quel magnifique endroit! Ce site offre une transition bucolique entre la première partie de la montée, quelques 1000 mètres franchement pas agréables du tout, et la seconde qui nous fera peu à peu passer de l'herbe au caillou, 850 mètres de D+ à faire encore.

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La vallée du Salat est bien loin!

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Au-dessus de la cabane, plein sud, voici sans doutes la montée dans les éboulis menant au col de Servi, décrite dans le topo de Michel Sébastien que j'ai relu la veille (et qui est un peu flippant - voir à la fin de l'article).

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En fait, y'a pas trop de questions à se poser quant à la suite de l'itinéraire si on veut se la jouer sage et facile. En rive droite du torrent, une sente nous invite. Alors go, même si l'orientation paraît surprenante. En effet, on file plein Est alors qu'on aurait tendance à vouloir se diriger vers le Sud! Mais on se laisse facilement emporter par cette agréable sente! 

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On parvient au point 2397, où siège une de ces petites cabanes prêtes - à - être - hélitreuillées déjà vue au pla Subra et sous le pic Madron (en format plus grand). On se demande vraiment pourquoi elle est posée dans un lieu aussi inaccessible. Après réflexion, je me dis qu'en fait, c'est un lieu de couchade des brebis; or de brebis, il n'y en a guère dans le coin... avec Ludo, c'est d'ailleurs ce qui nous a surpris au cours de la montée : pas un seul animal domestique, pas un seul animal sauvage non plus, d'ailleurs (enfin, s'il y en a, ces derniers se cachent bien). Même les animaux ont déserté ce lieu; c'est dire!

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Le chemin se poursuit SE, en crête sur une sente bien marquée, puis S, il est encore parsemé de nombreuses fleurs (joubarbes, gentianes de Koch). C'est une féérie de couleurs, entre le minéral et le floral. On en prend plein les yeux!

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Ici, on comprend pourquoi le sommet porte ce nom! En passant, on repère le potentiel chemin du retour qui nous a tout l'air d'un bon tapis roulant... et qui pourrait nous éviter ce petit "détour" vers l'Est que nous venons de faire. 

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Enfin, on atteint un grand replat (entre les points 2660 et 2688 m) et surprise, à quelques mètres de nous, se trouvent deux randonneurs! Nous ne sommes donc pas seuls au monde sur cette planète rouge et noire!

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La suite n'est qu'une formalité, il nous reste à suivre la crête NE, ne présentant aucune difficulté (de mon point de vue).

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Quelques mètres à parcourir et nous serons sur le Mont Rouch de France avec ses deux oreilles! Derrière, on devine son petit frère le Mont Rouch d'Espagne.

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Bien sûr, comme en bien d'autres endroits de la chaîne, je ne peux m'empêcher de penser à la HRP. Le dimanche 27 juillet 2014, Julien, Benoît et moi découvrions le versant espagnol, ces jolis polis glaciaires, les étangs de la Gallina, et l'abri Enric Pujol (extrait de mon bouquin : "Attention, avant d'y parvenir - à l'abri - il faut traverser le déversoir du lac et pour se faire, faire un saut de cabri, ou se déchausser; ça, il ne l'avait pas mentionné dans son topo, Véron!!! Devant le refuge, c'est séance bronzage. Un truc de fou! Ben cherche de l'huile pour faire cuire les girolles cueillies ce matin; y'en a que de la solaire, dont les filles se sont enduites"). En 2014, depuis ce site lacustre, je rêvais de ce sommet sur lequel me voilà perchée aujourd'hui; à présent, je réalise la chance et le bonheur d'être passée en bas un jour parmi 36 autres d'une traversée qui a marqué mon esprit pour toujours.

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Voilà! Le Mont Rouch de France est atteint. Quelle joie! Quelle émotion! Ludo prend des photos, encore et encore (et encore plus que moi), moi j'ai faim, je m'impatiente! Nous discutons avec le couple espagnol monté depuis le Sud. Visiblement, ça a l'air assez long aussi, par là.

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Le panorama depuis ce sommet est époustouflant! En tournant sur nous-même, on peut voir (dans le désordre) le massif de la Maladeta, les Bessiberri, les sommets du parc National d'Aigues Tortes, du Néouvielle, le Maubermé, le Valier, le Certascan, les 3000 ariégeois, les pics qui encadrent et ferment la vallée de Soulcem, le Donezan, notamment le Roc Blanc bien reconnaissable, les massifs de Tabe et des 3 seigneurs qui paraissent étrangement bien proches.

C'est tout simplement grandiose, majestueux!

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Une dernière pose avant de redescendre... on n'a pas envie, mais alors pas du tout, d'autant que l'on sait que la partie la plus pénible est à la fin, mais il faut bien se résoudre à y aller ;-(

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Comme envisagé à l'aller, nous décidons de quitter la crête avant le replat pour nous engager dans le couloir d'éboulis qui - pense - t- on - nous fera gagner du temps. Les quelques vautours observés depuis le sommet arrivent en escadrille dans le vallon que nous nous apprêtons à regagner. C'est donc signe de vie... récente!

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Gagner du temps? Et bien, il n'en est rien et cette descente va s'avérer longue, fastidieuse, laborieuse, du moins pour moi. Quand c'est de la grosse caillasse, rien ne tient. Quand les éboulis deviennent sable ou très fine caillasse, c'est encore pire et rien ne nous retient. On croyait pouvoir dérouler là-dedans, en fait, c'est super chaud, car le sol sous la très fine couche minérale, est dur comme de la glace. Contraste très surprenant entre le visuel et la nature du terrain. Cependant, c'est très subjectif; si je ne suis pas du tout à l'aise, Ludo, qui s'était tordu la cheville plusieurs fois dans la montée herbeuse, semble mieux tenir que moi sur ce tapis glissant! Je râle, j'aurais franchement préféré reprendre l'itinéraire emprunté à l'aller; en plus, c'était joli!

De retour à la cabane, la source est la bienvenue pour se rafraîchir les idées!

À l'aller, j'ai photographié un joli dessin scotché à une fenêtre; ici, sur l'autre fenêtre c'est une photo qui ne manque pas de m'intriguer. C'est un dodo, non? Ou un dinosaure??? Quelle signification donner à cette représentation? Laissons libre cours à l'imaginaire...

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Dans la descente, il convient d'être aussi vigilant qu'à la montée, et même encore plus avec le D+ et la fatigue. C'est un parcours sans relâche!

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En regagnant l'ombre du sous bois, je retire ma casquette, et je me rends compte - plus tard, trop tard - que j'ai perdu le beau buff rouge du trail de la Courbière qu'elle retenait et qui protégeait mon cou des assauts du soleil. J'y tenais, mais je suis franchement trop mâchée pour faire demi-tour et aller le récupérer.

Alors si un jour quelqu'un monte là-haut et le trouve, qu'il me fasse signe! On peut toujours rêver!

La balade se termine, nous n'allons même pas jeter un oeil à la cascade de Léziou, il y a du monde... Je me demanderai tout le long de cette descente pourquoi il n'y a pas de troupeaux dans ce secteur... pas encore montés (improbable)? Prédations de l'ours les années précédentes? Étrange, tout de même. La cabane reconstruite en 2005 et celle "préfabriquée" toute récente témoignent pourtant d'une activité pastorale.

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Voici donc le topo de Michel Sébastien, qu'il ne faut pas lire la veille de la balade... Il ne donne franchement pas envie! Au final, nous n'avons pas du tout suivi son itinéraire après les clots de dessus. Remarque, cela aurait été intéressant; ainsi, nous aurions fait les deux Rouch, c'est à dire un peu plus de parcours en crête ;-)

Bon, je ne dis pas que ça sera pour une prochaine...sauf si d'ici là, je trouve un moyen de me téléporter jusqu'à la cabane!

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Je suis bien heureuse d'avoir ascensionné le n°2 du Couserans (2868 m) par la taille, juste avant le mythique Valier (2838 m) et juste après le Maubermé (2880 m) - ils aiment bien les huit, dans le coin!

Merci Ludo pour les queques photos que je t'ai piquées, pour la trace, mais aussi et surtout pour ta compagnie.

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Commentaires
P
Bonjour Murielle. Nous avons fait l'ascension du Mont Rouch il y a quelques années. Et puis, dernièrement, l'idée nous est venue de savoir si ce redoutable sommet était encore couru par les montagnards. Et bien sûr, je suis tombé sur votre article. Je connaissais votre blog et je le suivais régulièrement et puis j'ai arrêté. Allez savoir pourquoi... Bref, nous avons dévoré avec un grand plaisir votre reportage et nous retrouvé les mêmes sensations que celles que nous avions ressenties en 2014. Par exemple, nous avons, nous aussi, cédé à la tentation de partir un peu en diagonale dans le pierrier et nous l'avons bien regretté ! J'avais à l'époque publié un compte-rendu sur un forum (qui n'a rien à voir avec la montagne mais dans lequel il n'est pas interdit d'en parler) et, si cela vous intéresse, je peux vous en communiquer le lien. Vous verrez que nos ressentis respectifs sont très proches. Amicalement, Michel
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P
superbe rando sauvage que j'ai faite trois fois au moins, seul avec toujours un sentiment d'insécurité. je vois que le sentier dans sa partie forêt disparait peu à peu, c'est dommage et heureux finalement car ce sommet tend à devenir confidentiel
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L
Quel plaisir de revivre cette belle journée avec tes mots.<br /> <br /> Nous savons à présent que l'on peut faire une boucle aérienne par le col de Servi, mais je vais attendre, comme toi, le téléportateur....hihihihi
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