Le pic de Cimet 2423m novembre 2022
Parfois, il faut oser!
Travail jusqu'à midi, nuit qui tombe tôt, cela laisse peu de marge pour envisager atteindre un sommet! Et pourtant, le soleil qui me chauffe le dos et auquel j'ai du mal à me soustraire va me décider à monter "là-haut"! Parce que "en bas" va vite se retrouver dans l'ombre!!!
À 12h46, je suis prête à partir (parking de la Llau). Direction le pic de Cimet 2423m par le Sarrat d'en Sur. Simple, rapide, efficace. Cette fois, le vent ne m'emportera pas. Après 1h50 de marche tranquille, je suis au sommet! Quelle vue depuis ce modeste belvédère! Je pense à Pascale B, qui se faisait photographier en mode pôle dance sur les piquets qu'on trouve parfois sur les cimes. Là, ça serait raté! Le piquet a sombré!
Vu d'ici, la Dent d'Orlu est fondue dans le décor; décalquée sur fond de Tarbesou, on la voit à peine...
Après avoir fait un petit tour d'horizon vers le Donezan :
puis les Pyrénées-Orientales (le Peric émerge) :
le pic d'Ouxis à gauche au second plan et le pic d'en Beys au centre, plongeant dans le vallon des Peyrisses :
la serre de Canras :
le Rulhe plein centre :
le massif de Tabe :
l'étang de Naguille :
l'étang Deroun :
je redescends tranquillement. Mais au lieu de retourner au col des Clotes, je décide de descendre sur l'étang de Naguille, car je suis sûre qu'il y a moyen de monter au pic de Cimet depuis le barrage. Je vais donc tenter de trouver un itinéraire depuis le haut!
L'avantage de partir du haut, c'est qu'on a une vue d'ensemble du terrain. L'inconvénient, c'est que ça peut parfois impressionner; en effet, je chemine toujours soit au-dessus de barres, soit sur de petits promontoires.
Je suis des sentes de brebis, je me trompe deux fois (la première, je suis trop haut; la seconde, je prends une trace qui mène au ravin). Grosso modo, il faut tracer "tout droit" par rapport à la sente de la photo qui se situe sous le col des Clotes (je l'ai donc dans mon dos lorsque je descends) :
Il n'y a pas trop de questions à se poser : quand la sente de brebis devient trop scabreuse, revenir sur ses pas et en prendre une autre, tout simplement!
J'avance avec précaution, dans un univers magique, avec une vue sur l'étang de Naguille époustouflante. Les couleurs sont magnifiées grâce à la luminosité de l'après-midi qui se termine. Finalement, je commence à apprécier de randonner tardivement.
Je m'arrête peu avant d'avoir atteint le sentier longeant l'étang. Maintenant je sais qu'il existe un "itinéraire" possible entre Naguille et le Cimet, je peux faire demi-tour!
C'est vraiment un ravissement de cheminer en ce lieu unique et fréquenté seulement par les brebis... même encore à cette époque! En effet, je suis surprise de constater que je ne suis pas seule : trois ovins, un noir, un blanc et un agneau me devancent, l'air de dire "mais qu'est ce qu'elle fout là, celle-là"!
La montée est beaucoup moins impressionnante, certes c'est raide (quoique) mais les sentes sont tout de même bien marquées et en cas de doute, on est vite recalés, et par la paroi du Cimet à droite, et par le ravin à gauche. Et comme je viens juste de descendre, je sais où je dois aller à présent!
Je regagne le col des Clotes, il est 16h25. J'ai encore du temps devant moi... un dernier regard sur la jolie silhouette du Cimet, et je me dirige vers la cabane ruinée d'en Sur...
Je voudrais juste encore marcher dans la clarté du jour jusqu'à ce que je sois bien calée sur le sentier après la cabane, car j'ai trouvé le moyen de me perdre deux fois de suite à cet endroit, alors j'imagine ce que ça pourrait donner de nuit!
Je vais jusqu'à l'orri,
et en cheminant dans les blocs, je vais tomber sur le cabinet d'aisance du berger! Insolite...
Ça y est, cette fois, j'ai trouvé tout de suite le sentier qui me rapproche du torrent, je peux faire ma pause goûter, tranquillement assise face au Rulhe. Maintenant, la nuit peut tomber, je m'en fiche! Je suis sur la trace et il n'y a plus de risque de la perdre (quoique, avec moi, c'est encore possible!!!), ma frontale est -normalement- fonctionnelle et cela ne me dérangerait aucunement de rentrer de nuit... alors... tout va bien; je suis heu-reu-se!
Après cette petite pause, je reprends la route pour parvenir à la cabane à 17h15. J'ai beau prendre mon temps, j'avance toujours dans le jour!
J'arrive au parking à 17h35, la frontale sera finalement restée au fond du sac. Sur la piste qui me ramène à Orgeix, je tombe sur deux chasseurs qui viennent d'arriver, et sur deux 4x4 encore plus bas. Ça chasse donc encore à 18h, à la nuit. Si plus rien ne me surprend vraiment, je suis quand même surprise!
Cela me fait réfléchir sur le fait de terminer une rando en forêt à la nuit tombante... il semble évident que des chasseurs ne s'attendent absolument pas à trouver une randonneuse à cette heure-ci. Quelle pourrait être leur réaction, la gâchette au bout des doigts?
Insouciante, pensant que la chasse était terminée depuis longtemps (si tant est que j'y aie pensé, au vu de l'heure), il y a de quoi se questionner, tout de même! J'ai beau ne pas craindre marcher de nuit, ne vaut-il pas mieux allumer sa lampe même quand on y voit encore un peu? (et chanter?)
Bref...
Ce que je veux retenir de cette magnifique journée, c'est le plaisir que j'en ai retiré et je dois bien l'avouer, un brin de fierté également! Je suis contente d'avoir osé sortir à une heure où on est généralement sur le retour, heureuse d'étre montée au Cimet, satisfaite d'avoir pu reconnaître un itinéraire qui me tenait à coeur et fière de m'y être aventurée seule, avec mon instinct et sans outil de navigation (non pas que je n'en aie pas, mais parce que ceux que j'ai déconnent à fond depuis un certain temps!). Ça paraît con, mais ne pas dépendre de ces outils est gratifiant et me prouve que je suis encore "capable de" ;-)