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La montagne ca vous gagne!
11 août 2011

Le Mont Perdu

 

aaaaa

... perdu, vous avez dit perdu?

 

 

 

 

Lundi 8 Août 2011 :

En milieu d'après-midi et avec un coup de bourre, pour cause d'improvisation, me voilà partie en direction de l'Aude pour y rejoindre Fred. Après pas mal d'heures de route, ce n'est qu'à la nuit tombante que nous retrouvons Ben et Juls à la station des Espécières, au-dessus de Gavarnie, où il fait frais.

Et pour cause : le matin, en repliant ma super tente de liliputien, j'aurai la surprise de constater que le double toit est givré. Et oui! A 1700 mètres d'altitude seulement, ça promet pour la suite... c'est à dire le prochain bivouac, prévu à l'étang glacé, 3000 m d'altitude...

 

Mardi 9 Août 2011 :

Après un réveil un tantinet frisquet, donc, nous allons garer les voitures (vive le chauffage!) au Col des Tentes (2208 m), point de départ de la rando. Il fait bien plus chaud ici, grâce au soleil qui darde déjà ses rayons; les garçons font leur sac et moi je commence à avoir des fourmis dans les jambes...

A 8h45, les sacs chargés sur le dos, nous faisons nos premiers pas sur environ 2 km de bitume (beurk) à allure assez rapide, à l'issue desquels nous arrivons au port de Boucharo (2270 m).

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S'ensuit alors un long chemin pratiquement toujours à niveau qui nous permet de passer de l'autre côté de la vallée des Gabiétous. Ce sont encore environ 2 km et nous arrivons au premier passage "amusant" de la rando : la cascade des Sarradets. Les rochers polis se passent sans difficulté grâce à une main courante (et aussi grâce au fait que le débit d'eau soit peu important à cette heure matinale; je vais découvrir le lendemain que ce débit évolue au fil de la journée...)

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Après cette partie ludique, nous atteignons rapidement le col des Sarradets (2589 m) duquel nous découvrons le Cirque de Gavarnie et la brèche de Roland. MAGNIFICO!

En ce site merveilleux, une pause s'impose! C'est ce que nous faisons au refuge des Sarradets ou refuge de la brèche de Roland, inauguré en 1956 par Maurice Herzog, qui se trouve en contrebas et où il y a un peu de monde, ainsi que deux moutons qui viennent quémander de la nourriture et laissent planer dans l'air une "douce" odeur...

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Puis nous filons vers la brèche; pour se faire, il nous faut traverser un petit névé et passer une zone rocheuse où Juls nous envoie quelques cailloux... Homme pressé... Cela fait râler Fred qui venait déjà de nous reprocher de ne pas avoir mis veste et gants pour passer le névé... Homme stressé...

 

Nous arrivons sur une terrasse avant d'attaquer une dernière grimpette nous menant à la brèche (2804 m). Waoh! C'est tout simplement GRANDIOSE!

Mais déjà, il me tarde d'arriver au fameux "pas des Isards", passage d'une dalle équipée d'une main courante.

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Il nous faut attendre que deux groupes passent, dont un avec une jeune fille qui ne semble pas rassurée du tout, pour nous engager à notre tour. Et c'est un pur bonheur! Presque je cours. Je me tiens à la chaîne davantage pour ne pas stresser les garçons que par nécessité. Aucune difficulté... J'en profite pour prendre quelques photos, tranquillement... Et quand les garçons arrivent, j'y retourne, histoire d'être photographiée moi aussi sur ce passage.

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Nous nous retrouvons au col des Isards (2749 m) où il faut faire un point sur l'itinéraire à poursuivre. Il est seulement midi et d'après le topo, il faut trois heures pour atteindre l'étang glacé; le temps est superbe; Ben, Juls et moi aimerions en profiter pour faire un autre sommet, pourquoi pas le Casque du Marboré (3006 m), si proche.

Or, Fred n'est pas certain du chemin à prendre et a un peu peur que la nature du terrain et des erreurs toujours possibles nous retardent quelque peu. Pourtant, le topo semble indiquer qu'il faut nous diriger entre le Casque et la Tour du Marboré (3009 m) pour cheminer sous la muraille. Puisqu'il faut monter, autant faire un aller/retour jusqu'au sommet, non? C'est si proche!

Seulement, voilà : le topo indique également qu'il faut suivre les cairns... et des cairns, nous en avons droit devant nous, à niveau; un sentier tracé est aussi visible, passant sous une muraille. Tous les indices semblent donc converger vers une poursuite de ce chemin, sans qu'il soit nécessaire de monter... Alors c'est ce que nous faisons, renonçant 3 contre 1 à l'ascension du Casque, mais n'abandonnant pas pour autant l'idée de faire un autre sommet lorsque nous arriverons à l'étang glacé.

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Pour l'heure, il nous faut manger, ce que nous faisons dans un petit abri. J'aperçois le premier isard de la journée, en contrebas sur un petit névé. Curieux, en contrebas également, des moutons errent sur une zone rocheuse, dans un endroit sans aucune verdure. Que peuvent-ils bien brouter à part des cailloux? Qu'ont-ils commis pour mériter telle pénitence?

Un randonneur arrive, nous discutons un peu avant de reprendre notre chemin. Chemin qui reste toujours à flanc et qui commence à nous sembler long... En effet, Fred s'étonne que nous n'ayons pas encore vu la cheminée que nous étions sensés prendre. Cela fait un bon moment à présent que nous sommes sous la Tour et la muraille est à cet endroit infranchissable. Nous en sommes désormais persuadés, nous avons raté ce passage...

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Le Mont-Perdu s'offre à notre vue depuis un moment et nous devons nous rendre à l'évidence : nous devrions nous trouver beaucoup plus haut et ne sommes donc pas sur le bon itinéraire. Bref, nous sommes bien au pied d'une muraille, mais ce n'est pas la bonne! En levant la tête, nous devinons l'endroit où nous devrions être...

Qu'à cela ne tienne, plutôt que de faire demi-tour, nous choisissons de poursuivre; puisque ce sentier est cairné, il mène bien quelque part et nous avons toujours en ligne de mire El Perdido.

 

Fred commence à souffrir de la hanche, il n'apprécie pas du tout le terrain sur lequel nous évoluons, c'est-à-dire des pierres, des pierres et encore des pierres. Malheureusement pour lui, cela ne fait que commencer!

Nous nous retrouvons soudain sur un terrain calcaire qui me rappelle les Arrhes du Pic d'Anie : un genre de "plateau" avec des amas rocheux, de nombreux trous et petites failles... Pour le moment, cette erreur d'itinéraire ne me gêne pas outre-mesure puisque je suis sur un terrain de jeu que j'adore.

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De plus, c'est en ce lieu qui pourrait paraître hostile mais dans lequel je m'éclate que je vais faire au détour d'un rocher une magnifique découverte : la fleur symbolique de la haute montagne, j'ai nommé l' EDELWEISS. C'est tout simplement MAGIQUE. J'en suis très émue. Clic clac; photo. La suite du parcours en est parsemée; c'est impressionnant!

Un peu plus loin, c'est une autre scène magique qui nous attend : un tableau vivant d'isards, d'innombrables isards... Leur robe marron-rousse se détachant nettement sur la blancheur du paysage rend le spectacle encore plus magnifique. Derrière un rocher, nous surprenons une harde dont quelques membres sont couchés, profitant sans doute de la chaleur accumulée par la roche et du soleil qui frappe...

Sans notre erreur, nous n'aurions peut-être jamais fait ces deux rencontres. Aucun regret, donc!

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Lorsque le paysage s'ouvre sur de nouvelles perspectives, et que nous comprenons que notre lieu de bivouac à 3000 mètres d'altitude n'est pas tout proche (nous ne sommes qu'à 2600 mètres d'altitude), nous profitons d'un terrain herbeux pour nous reposer un peu. Juls, un peu fatigué, abonde dans le sens de Fred qui trouve le lieu pas mal pour planter les tentes... Ben et moi aimerions pourtant poursuivre jusqu'au point d'arrêt fixé initialement! Il est à peine 16 heures, nous avons encore le temps. Mais peut-être serait-il plus efficace de refaire le plein d'énergie avant de prendre une décision? Le pep's reviendra peut-être?

Comme les garçons ne parviennent pas à se décider, je m'allonge moitié dans l'herbe, moitié sur un rocher et je finis par m'endormir. Dans un demi-sommeil, je les entends faire mine de partir sans moi... Cela ne me fait même pas réagir ;-)

Je crois bien que c'est seulement la troisième fois que je parviens à somnoler ainsi au cours d'une rando... J'avais vraiment besoin de récupérer de la nuit précédente et cela me fait un bien fou. Je me relève avec encore plus de pêche et je demande à la fine équipe : "Alors?"

 

Alors, alors, nous reprenons notre chemin... Yes! Juls a semble-t-il récupéré un peu et Fred prévient que la dernière partie sera difficile car il a toujours mal.

De l'autre côté du talweg nous voyons le sentier venant de Goris, chemin qu'il va nous falloir récupérer plus haut. Mais pour le moment, nous restons sur le même versant, nous laissant guider par les quelques cairns et malgré un gros doute quant à une barre rocheuse nous empêchant de voir ce qu'il y a derrière. Finalement, rien de bien méchant; on passe facilement à côté. Ce qui paraissait de loin infranchissable n'est en fait qu'une simple formalité. Plus loin, nous nous engageons dans une petite cheminée avant d'aller récupérer le sentier tracé. C'est à partir de là que nous allons - enfin! - prendre du dénivelé positif avec quelques passages rocheux qui me ravissent.

Invitation à un mariage dans 4 jours oblige, je fais très attention à ne pas m'abîmer contre les rochers... et j'y arrive ;-)         Je me sens en grande forme.

Après la traversée d'une petite plaque de neige, il faut à nouveau passer une dalle lisse, heureusement équipée d'une main courante. Et cette fois, je me tiens bien!

A plusieurs reprises, sur le parcours, Fred et Juls lancent : "Tiens, là, ça serait un bon lieu de bivouac". Mais leur envie d'aller voir comment c'est un peu plus haut nous fait progresser, si bien que nous finissons enfin - j'avoue que ça commençait à me sembler long à moi aussi - par voir l'étang glacé, tout proche. A présent, ce n'est plus qu'une question de minutes! Yes! Objectif du jour atteint ;-)

Notre erreur nous a fait mettre beaucoup plus de temps que prévu, il est presque 18 heures; nous ne ferons donc pas de sommet aujourd'hui. 

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Nous trouvons un lieu de bivouac au dessus du lac où Fred s'écroule en arrivant. Mais Ben trouve un endroit davantage protégé du vent tout près de la rive. Au moment où je le rejoins pour comparer les deux sites, nous assistons à un spectacle pour le moins insolite à 3000 mètres d'altitude : sous nos yeux, une Espagnole se dénude complètement avant de se jeter dans l'eau. Baignade express sous le regard de Ben qui gardera cette image en tête pour un bon moment... Juls voit la scène de loin et Fred rate tout : à ce stade, il ne voit plus, n'entend plus.

Après un petit trempage de pieds, nous - enfin, les garçons - installent le campement. Zut! Ben casse un des arceaux de sa tente! Heureusement, l'altitude n'empêche pas les garçons de trouver des astuces et après quelques instants de remue-méninges, ils ont l'idée de remplacer le piquet par les bâtons de marche. Génial! Le tipi-bivouac est prêt à accueillir les Mac Gyver en herbe.

  

Après un dîner dans une ambiance plutôt "ensommeillée" nous ne tardons pas à aller nous coucher, avant même que la nuit tombe. La fatigue semble avoir assomé les garçons.

  

Je ne regrette pas d'avoir emporté le matelas gonflable gentiment prêté par Ben car même si je mets un peu de temps à m'endormir, je vais passer une de mes meilleures nuits passées à la montagne. A 3000 mètres d'altitude, je vais rattraper le manque de sommeil des deux nuits précédentes... Visiblement, je serai la seule.

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Le lendemain matin, c'est à dire le mercredi 10 Août - bonne fête Laurent - nous avons le regret de constater que Fred ne va pas mieux; il a eu mal à la tête toute la nuit et son mal de dos/hanche ne s'est pas atténué. Aïe...

Après le petit-déjeuner, nous ne chargeons nos sacs que du strict nécessaire pour effectuer l'aller/retour au Mont Perdu. Il est tôt, mais quelques randonneurs grimpent déjà.

Juls, Ben et moi partons, suivis de Fred qui démarre la machine très doucement. Puis, d'un commun accord, nous prenons la décision de faire les 350 mètres de D+ chacun à notre rythme. Je reste avec Ben tandis que Juls, parti sans sac et visiblement en grande forme, prend de l'avance. Peu à peu, j'allonge le pas et je finis (presque) par le rattraper avant la dernière partie de l'ascension, là où on découvre ce qu'il y a de l'autre côté de la carte postale. Et quelle découverte! C'est absolument MAGIQUE! Au Nord, le glacier et les sommets fermant le cirque de Gavarnie. C'est vraiment magnifique! Ben arrive mais ne daigne même pas s'arrêter avec nous, préférant garder son rythme jusqu'au sommet.

Alors Juls et moi lui emboîtons le pas afin de finir l'ascension du Perdido, 3355 mètres d'altitude, ensemble.

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Du sommet, nous ne voyons plus le glacier, mais vers le Sud, nous observons de plus haut les canyons déjà découverts la veille, dont celui d'Ordesa. Au Nord Ouest, se dessine nettement le sentier que nous aurions dû emprunter hier, sur la terrasse supérieure, sous l'Epaule et la Tour du Marboré. Et plus loin encore, le Vignemale et son glacier. On ne s'en lasse pas! De plus, nous avons la chance d'avoir le sommet quasiment pour nous tout seuls... Seuls un couple et un homme assis à l'intérieur d'un cercle de pierres sont là, tandis que la caravane s'étire désormais sur toute la montée. C'est absolument magnifique, bien plus grandiose que l'Aneto. Après un certain temps et comme Fred n'arrive toujours pas, je décide de redescendre et d'aller à sa rencontre, afin de l'accompagner dans la dernière ligne droite (et ça me procurera le plaisir de regrimper une seconde fois!!!).

Mais pas de trace de notre comparse... Du coup, Ben et Juls descendent eux aussi (me privant ainsi du plaisir de remonter!!!) et après un moment d'attente à ce premier pallier, nous decidons d'engager la descente. Je pense que Fred a dû rebrousser chemin et nous attend à l'étang.

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La descente qui me faisait un peu peur s'avère en réalité être un vrai plaisir... Seule l'affluence de randonneurs montant nous ralentit. Mais je reste néanmoins très prudente : terrain glissant!

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Lorsque l'étang est en vue, ma pensée est confirmée : Fred nous y attend effectivement. Il a bien essayé de monter, mais malheureusement il n'a plus aucun appui sur sa jambe gauche et le moindre lever de cette jambe lui fait atrocement mal à la hanche. Dès à présent, nous savons qu'il nous faut renoncer à notre idée de la veille, c'est à dire faire deux groupes empruntant des itinéraires retour différents permettant ainsi aux plus en forme de faire au moins un autre sommet et aux autres de rentrer par un chemin plus "facile".

C'est tous ensemble que nous devons soutenir notre blessé...

Nous cherchons la solution qui nous semble la meilleure pour regagner la voiture tout en rangeant nos affaires. Et oui, finie la rando light; nous rechargeons nos sacs! Et allez savoir pourquoi, celui de Fred pèse un âne mort... Cela ne va pas être facile!

 

Le temps de réflexion quant au choix de l'itinéraire est très très (très...) long. De là-haut, nous avons vu le chemin que nous aurions dû emprunter à l'aller et il semble facile, à niveau, sur un "plateau". Il semblerait qu'il n'y ait pas trop de pierres non plus, la hantîse de Fred. Voilà pour le côté positif. Mais il y aurait une cheminée à descendre pour retourner au col des Isards, et pour le coup, là, c'est l'incertitude complète. Fred craint de se retrouver dans l'impossibilité totale de franchir ce passage dont on ignore le degré technique.

La seconde possibilité consiste à passer par la vallée de Goris. Certes le chemin est bien plus long mais aussi moins technique. Le hic, outre la longueur, c'est qu'il va falloir descendre en fond de vallée pour remonter ensuite sérieusement vers la brèche de Roland.

Il nous semble plus judicieux pour Juls et moi d'opter pour le premier itinéraire, beaucoup plus court, nous évitant de faire trop de dénivelé, tant positif que négatif, même s'il y a un passage technique. Nous craignons que la distance, la chaleur dans la vallée et le D+ à reprendre à la fin sur le second itinéraire soit tout autant voire davantage préjudiciable à l'état de Fred.

Ben, quant à lui, voudrait que ce soit le blessé qui décide et hésite à trancher. Mais le temps passe et nous décidons finalement de descendre vers le refuge de Goris; selon l'évolution de l'état de Fred, nous pourrons toujours sortir un plan B (appeler les secours??? s'approcher en voiture???). C'est à ce moment précis que nous croisons un homme qui va nous donner plus d'informations concernant le passage par le haut. Il va même nous rassurer en nous confirmant que le sentier est facile et s'étonne de l'existence de cette "cheminée" qui fait si peur à Fred. Pour lui, il n'y a qu'un petit passage un peu technique à descendre pour rejoindre le pas des isards, mais ne présentant aucune véritable difficulté. Alors nous commençons à nous engager. Mais le cerveau de Fred en a visiblement décidé autrement et il parvient si difficilement à mettre un pied devant l'autre que nous nous arrêtons et optons finalement pour le second choix.

 

Choix que nous allons très rapidement regretter car c'est finalement là, dans ces premières centaines de mètres de dénivelé négatif que se trouve la difficulté, du moins pour un blessé. En effet, les passages dans les rochers vont s'avérer être un vrai calvaire pour Fred, l'obligeant même à faire un grand détour afin d'éviter une goulotte lui paraissant infranchissable. 

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Après ce détour dans lequel je l'accompagne et qui nous coûte bien 40 minutes (?), nous trouvons un sentier assez marqué nous évitant de descendre jusqu'à Goris. Il traverse une grande zone herbeuse, ce qui fait du bien à tout le monde, même si au début, il ne me plait pas trop. Finalement, ce parcours n'est pas si désagréable. Mais nous ne sommes qu'à 2400 mètres d'altitude, ce qui signifie qu'il va falloir que l'on remonte de 400 mètres pour atteindre la brèche de Roland.

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Tout se passe plutôt pas mal, bonant-malant, quand soudain le sentier bifurque vers le Nord et nous contraint à traverser une zone pierreuse un peu technique. Fred craque.

Il va falloir qu'il aille puiser au plus profond de lui ses dernières ressources pour franchir ce passage. Pas le choix. La nature du terrain n'offre pas d'autre possibilité.

Délesté de son sac à dos, il passera finalement. C'est ainsi que nous nous retrouvons sur le sentier passant sous le pas des Isards et évite donc celui-ci. Et bien je vous le dis : le pas des Isards est nettement plus facile et agréable (et accessoirement ludique) à passer. Parce que là, c'est une vraie galère! La montée finale vers la brèche dans la petite caillasse est un véritable mangeur d'énergie, et de l'énergie, nous allons encore en avoir besoin, car la "balade" n'est pas terminée.

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Heureusement, une fois ce passage franchi, cela va beaucoup mieux. Le névé entre la brèche et le refuge me fait un peu peur car - ce que je n'avais pas trop remarqué dans l'autre sens - il est en légère descente et je n'ai pas de bâton pour m'aider. Alors Fred me prête l'un des siens; je m'en sers un peu au départ mais une chute me décide finalement à continuer le chemin tantôt accroupie, tantôt sur les fesses. C'est froid ;-)

 

Une petite halte vite fait au refuge car j'ai désormais plus mal aux jambes quand je suis arrêtée que quand je marche, ce qui n'est pas forcément bon signe...

 

A part la cascade des Sarradets, le retour n'est à présent plus qu'une formalité... La cascade? Parlons-en, tiens! Son débit est beaucoup plus important qu'hier matin et après avoir eu l'appréhension de traverser le torrent - appréhension injustifiée car pas difficile - je me retrouve avec les pieds dans l'eau et même carrément arrosée par le flux. Etonnant, non? Une fois n'est pas coutume, c'est donc mouillée que je terminerai cette rando ;-)

Le long chemin jusqu'au Port de Boucharo me semble interminable. Pourquoi toujours cette sensation qu'entre l'aller et le retour, quelqu'un est venu rallonger le parcours???

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Enfin, quand nous arrivons à la route bitumée, je lance à Juls, toujours en tête :"C'est dommage que je ne sois pas en chaussures de trail et avec un sac à dos plus léger, sinon je crois que je serais allée jusqu'au parking en courant!". Séjourner quelques instants à plus de 3000 mètres d'altitude ne m'a pas ôté des idées à la con de la tête! Mais il y a pire, car Julien me répond du tac-au-tac : "Moi, même avec les chaussures de rando, je finirais bien en courant!". Il n'en faut pas plus pour nous décider à tenter le coup... Et bien cela nous fait un bien fou! En plus, c'est en faux plat descendant, donc, ça va ;-)

Nous passons sous le regard éberlué des randonneurs harassés qui rejoignent comme nous leur voiture au Col des Tentes...

Quand ça remonte légèrement, on le sent quand même, alors nous cherchons à définir un lieu où s'arrêter pour terminer en marchant. Ca sera l'endroit où le soleil, caché par les sommets, refait son apparition... Le passage de l'ombre à la lumière sur la route me semble difficile à atteindre, d'autant plus que Juls accélère la cadence "pour arriver plus vite"! Nous sommes des fous...

Du coup, nous arrivons rapidement à la voiture et cela me fait soudainement tout bizarre de savoir que cette aventure est terminée. Je suis contente d'être arrivée, mais j'aimerais pouvoir encore profiter de ce site exceptionnel et y rester encore un peu...

 

 

Malgré les péripéties et le fait d'être passée à côté de quelques 3000 sans avoir pu accéder à leur sommet, je garde un excellent souvenir de cette rando improvisée.

 

Merci à vous les garçons pour cette "formidable" aventure...

reflet

 

Carte IGN 1/25000 n°1748 Gavarnie  Luz-saint -Sauveur.

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