Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La montagne ca vous gagne!
5 septembre 2008

Le Costabonne et le Canigou, Août 2008...

 

vue-sur-le-canigo

... mes premiers pas en solitaire dans les Pyrénées

 

 

 

Mercredi 6 Août 2008.
Un voyage en train.

Réveil à sept heures trente; j'ai encore beaucoup de choses à faire : terminer de remplir mon sac, faire la vaisselle, sortir les poubelles, arroser les plantes...
Tout cela sera bouclé à neuf heures. Je vais donc chercher Alex qui s'est gentiment proposé de m'amener à la gare. Nous partons avec dix minutes de retard sur l'horaire prévu. Il fait chaud, la journée promet d'être caniculaire. A l'approche de la capitale, cela devient insupportable.
Aïe! Il y a des travaux sur la fin de l'autoroute, à hauteur de Saint-Denis. L'accès au périphérique Ouest est bloqué, cela engendre de forts ralentissements... L'heure tourne, je commence à stresser.
Heureusement, à l'entrée du périphérique, ça se désengorge.
Je roule cool jusqu'à la gare, sans aucune difficulté. Alex me dépose "minute".
J'ai à peine une demie-heure d'avance, le temps que je fasse quelques pas et le panneau affiche mon train, 11 h 20, voie 19.

Ca y est, je suis dans le train! IDTGV, IDZen, s'il vous plaît.
Petit arrêt à Valence. Puis le paysage continue de défiler. Tiens, ces centrales au loin me rappellent un vague et récent souvenir... Il y a deux semaines, je passais là, en voiture, dans l'autre sens. Ces usines, je m'en souviens, vers Orange, Montélimar... Je songeais à m'arrêter pour manger; Laurent avait faim et je me souviens lui avoir fait la réflexion suivante : "On va quand même passer ces usines et cette fumée, de notre vue, au moins, et si possible, des émanations (ça, c'est moins sûr)".
Je lui ai même balancé : "Regarde, on est à Springfield!"
Tout ça, c'était avant de me faire arrêter par la nougat-police! Trop dégoutée!

Il fait beau, ça va. Nous avons traversé une zone où le ciel était couvert; il faisait même un peu frisquet dans le train. Et là, j'ai réalisé que je n'avais même pas pris un petit gilet.
Nous voilà à Nîmes. A peine trois heures que nous sommes partis. Encore deux heures trente environ. Nous allons bientôt voir la mer. Et puis... le Canigou. Oui, je vais le revoir!
Il me tarde d'y retourner...
Et le refuge de l'Estanyol...

Les voyageurs attendent ces arrêts avec impatience, pour pouvoir aller fumer leur clope sur le quai. Moi, je voudrais que l'on trace...
Ah, ça y est, nous repartons. Ca va, les pauses sont courtes. Même pas le temps de finir leur cigarette. Tant pis pour eux!

Quatorze heures quarante, Montpellier. Le train se vide. J'ai faim. Mais j'ai mangé, pourtant! Bon, ok, une pomme et deux tranches de pain d'épices! Je ne vais tout de même pas entamer mon capital repas pour une semaine, qui tient dans mon sac à dos. Et pas vraiment envie de me faire des nouilles asiatiques, en plus!
Je crois qu'il va falloir que j'aille me ravitailler au wagon-restaurant.
Mon voisin m'a quittée. Je l'ai vu préparer son sac à l'annonce de l'arrivée en gare, et comme il ne bougeait pas, je lui ai demandé s'il descendait; j'ai eu l'air de le sortir d'un rêve! Il m'a dit : "Si, si! Je pensais à autre chose". J'avais bien remarqué! Y'a pire que moi, ça me rassure!

Mon voisin (de l'autre côté de l'allée centrale) me regarde de temps en temps. Il doit se demander ce que je peux bien écrire.

L'arrivée est dans moins de deux heures. Vais-je tenir le coup ou vais-je devoir acheter quelque chose à manger? Mon ventre est poli, il se retient encore de crier famine, mais je sens bien que quand il va se lâcher, tous les voyageurs l'entendront!
Finalement, je ne mangerai pas. Je regarde un journal, puis fais des jeux. Ca passe.
On annonce l'arrivée imminente à Perpignan; il est à peine seize heures trente.
Zut, on n'a pas le droit d'arriver en avance, ou quoi? Le train s'arrête en pleine voie. Seize heures quarante, c'est seize heures quarante!
Enfin, on arrive! Je descends du train. La chaleur est étouffante! J'étais montée dans le dernier wagon à Paris, je suis à nouveau en queue de train à Perpignan. Il me faut remonter tout le quai et il y a un monde fou... Je serpente entre les gens, les grosses valises et les chariots. L'arrivée en gare est horrible... Ca bouchonne, ça grouille; il me tarde de sortir de cet enfer. Eric, qui est venu me chercher, n'en peut plus non plus de cette foule.



Jeudi 7 Août 2008.
Le Costabonne.

   

En route vers le Costabonne (2465 m), en circuit depuis la Preste.
Je suis le topo guide de Georges Véron "Canigou, Vallespir-Conflent" qui donne l'aller-retour en sept heures.
Je ne comprends pas bien où se situe l'embranchement de la Barragane, que je dois laisser d'après le topo; pourtant, une pancarte indique le Costabonne dans cette direction. Je m'y engage donc. Ca ne ressemble pas trop au descriptif, mais je continue de monter jusqu'à un mas abandonné (avec une caravane). Le chemin est hyper sale, il y a de l'eau pas nette partout. Je persiste et m'y engage, pour finir dans un cul-de-sac... Je me résigne donc à faire demi-tour pour aller rechercher la piste et le carrefour dont il est question dans le topo. J'arrive à un endroit qui ressemble au descriptif, mais il n'y a aucune indication pour me rassurer.
Ouf! En arrivant à un croisement, je vois la direction "Costabonne", et topo en main, tout semble correspondre.

Au moment de quitter la piste pour prendre un petit sentier en lacet, j'ai un gros doute... Il faut changer de direction avant un torrent; je viens d'en passer un et je n'ai pas vu de chemin. Dans le doute, je fais demi-tour.
Ma mère choisit ce moment-là pour m'appeler. Elle devient folle quand je lui dit que je suis toute seule. Moi qui tentais de me rassurer moi-même parce que j'avais entendu un grognement bizarre dans la forêt...
Bref, ma vérification me confirme qu'il n'y avait pas de sentier à gauche vingt mètres avant le torrent. J'en conclus que ce n'était pas le bon!
Effectivement, j'entends, en poursuivant sur la piste, un bruit d'eau et au moment de franchir une clotûre, je le vois, ce sentier qui monte dans la forêt! Ca ne peut être que ça! Des lacets, encore des lacets... Ca grimpe raide!Peu à peu, les arbres se font plus rares. Le sentier, enfin la trace, se perd dans la végétation, j'ai bien du mal à le voir. Je passe dans les arbustes (tiens, une framboise!) et à certains moments, je la perds. Mais le Costabonne (ou du moins, ce que je crois être le Costabonne) est en vue.

En coupant à flanc, je finirai bien par retrouver la trace... Avec le terrain retourné par les sangliers, pas évident! Après une partie assez galère, je retrouve l'ancienne piste minière dont il est question dans le guide. Ouf!
Le sommet est là! Je décide de prendre le chemin en lacets plutôt que de monter directement. Je coupe à un moment car j'en ai un peu marre de zigzaguer, mais j'en bave!!!
Quand je crois être enfin parvenue en haut, je découvre avec stupeur qu'il reste un petit sommet à franchir. Le Costabonne est cachotier! Mais cette fois, les croix plantées en haut me prouvent que le sommet est atteint, moi qui me demandais comment je saurais si j'étais bien arrivée!


Cela fait trois heures trente que je suis partie. Avec mon erreur du départ qui m'a coûté un peu plus d'une demi-heure, c'est raisonnable. Le topo le donnait en quatre heures.

Je grignote un peu, prends quelques photos, regarde la carte... Le temps s'est maintenu, il y a du soleil, mais le ciel est très chargé, plus ou moins selon la direction...
Je me dis qu'il ne faut pas que je traîne! En plus, si je me "perds" encore...

Je redescends par la crête Nord-Est, hors sentier. Le topo donne 25 minutes. Quand je vois que j'ai atteint ce temps et que la crête se poursuit, je commence à m'interroger. Pourtant, la boussole me confirme que je suis dans la bonne direction... Je passe dans une forêt brûlée. Là encore, le terrain n'est pas génial. Finalement, je rattraperai une piste au bout de cinquante minutes.

Peut-être n'étais-je pas suffisamment à l'Est et que j'aurais pu la rattraper plus tôt (d'où le décalage de temps)? J'arrive au col de l'Ouillat (au fait, comment reconnaît-on un col?) et je descends comme indiqué dans la cuvette N-NE. Curieux, d'instinct, je serais allée à l'Ouest!
La vue, au fond de la cuvette, de l'abri forestier et de la cabane pastorale finit de me rassurer: j'y suis!
Je ne me suis pas trompée. J'aurais été mal, sinon...

J'ai bien mis une heure pour y arriver, comme indiqué dans le topo, mais le découpage horaire est différent. Eux c'est 25+35, moi, 50+10. Oups! J'ai dû merder quelque part!

Ah oui! vers les vestiges (plaque de béton) de l'ancienne mine, j'ai vu une marmotte, et dans la descente hors piste,  un isard.
 

Sur la pierre dressée vers le ciel de cette photo, il est gravé "AUX CONQUERANTS DE L'INUTILE".

A méditer...

 

Samedi 9 Août 2008.

En route pour deux jours de rando; objectif Canigou.

10h02 : départ de la chapelle de Saint-Guillem où Eric vient de me déposer. Au col Baxo, le sentier à prendre est bien indiqué, mais à gauche, il y a (encore!) une piste forestière que je ne vois pas sur la carte, avec un panneau "toutes interdictions". [après vérification, cette piste figure sur la nouvelle édition de la carte IGN].
Je traverse deux ruisseaux; le second est plein de feuilles mortes, je m'enfonce le pied gauche dans la gadoue! Le petit sentier que j'emprunte dans la forêt est très agréable.
11h10 : arrivée au coll de Serre Vernet. Génial!



Le sentier s'efface, mais comme Eric connaît le lieu et m'a avertie, je sais qu'il faut bien faire attention à cet endroit. Un cairn me permet de le retrouver; je trouve même la pancarte un peu plus loin, au sol. Pause photo-écriture-crème solaire-petit en cas et après un point à la boussole, je repars.
11h35 : tout va bien, le chemin est bien tracé. Jusqu'à ce que...
Je suis depuis un petit moment des "fanions" suspendus aux arbres avec un ruban catalan; or, à un moment, une piste monte (celle balisée "catalan") et l'autre descend. Je prends celle qui est balisée. Au bout d'un moment, en regardant la carte, je m'aperçois que je ne devrais pas monter autant. Il y a un chemin au-dessus de celui que je suis sensée prendre; je dois être sur celui-ci. Après hésitation, je décide de descendre le long d'un ruisseau (Sant Salvador). Je retomberai bien sur le chemin "normal", et même si je suis bien où je devais être, je croiserai plus en-dessous une piste qui me mènera au bon endroit.
Je crois être arrivée à cette jonction de chemins*** avant la cabane des Estables, à un petit col, et soudain je perds la trace du chemin. J'ai beau essayer de tous les côtés, monter, descendre, me griffer, défoncer les arbres avec mon sac à dos, rien n'y fait : pas de chemin! Je retourne donc à la jonction et je tape un azimut.
Je l'ai vue au loin, cette cabane! Il me faudra monter puis redescendre à travers la montagne avant de retrouver une piste, assez large, mais envahie par l'herbe, puis la reperdre. Je commence vraiment à me décourager! Je finis par arriver à la cabane, en ayant perdu je pense 1h30 à 2h. Je suis dégoûtée!

*** cette jonction n'existe plus sur la carte rééditée, donc ne doit plus exister sur le terrain non plus!!!Grrrrrrrrrr

Je m'engage sur la piste d'où il faudra que je sorte à 350 mètres environ pour monter vers le Pla Guillem. Ouf, une pancarte! Mais... rien pour la droite. Ca devient une habitude! Tant pis! Je tape un azimut. Je retrouve un petit chemin assez rapidement, avec ces fameux fanions catalans accrochés aux arbres. Cette fois, je me jure de ne plus perdre la trace! Je remarque également des tracés peints en blanc sur les pierres. Les cairns finissent de me rassurer. Je vois même une pancarte qui indique le pla Guillem à 1h10 et le refuge de Mariailles à 2h20. Ca va!
Ca grimpe bien. Le temps se gâte; au-dessus de ma tête, les nuages menacent.
Tout va bien, quand à nouveau, je perds la trace. Ca commence à me gonfler sérieusement. Comme les nuages descendent, je me dois de redoubler d'attention. Sur ma droite, une espèce de long replat, une "crête". Je pense bien que ça se passe par là, mais aucun cairn, aucune trace à l'horizon, et les nuages descendent. Alors je prends un azimut. Il correspond à la seule petite trace que j'aperçois. Cela me surprend, car il me fait descendre dans une cuvette et je ne vois pas de passage, sinon par le haut...
Tant pis, j'y vais. Je me tape donc la descente, puis une remontée hors piste, waoh! Arrivée en haut, je cherche à nouveau un point de repère. Enfin, je vois de loin un panneau indicateur. Je fonce! Effectivement, il se trouve sur le replat qu'il me semblait que j'aurais dû prendre (jolie grammaire, bravo!)! Je me suis pris une decente-montée pour rien! Toujours est-il que j'arrive tout de même pile-poil au bout des 1h10 annoncées. Ca va!
Je passe devant la cabane, à partir de ce moment, des marques du GR apparaissent sur la roche. Ca devrait aller à partir de maintenant.
Le refuge de St-Guillem est un peu en contrebas. Le tour du toit orange flashe! Remarque, sans cela, je ne l'aurais peut-être pas vu!
La descente est entamée. Je passe devant une croix, puis une autre (la llipodère)... Au col de la Roquette, je m'engage sur la piste. A la première épingle, la maison forestière de Mariailles se dessine dans le paysage. Bientôt, j'y serai!

Je coupe la piste et calcule qu'il reste à peu près un kilomètre cinq à parcourir. De la rigolade!

A 16h35, j'arrive! Non sans mal. Eric avait estimé le parcours à huit heures; j'aurai mis au final 6h30. C'est plus que raisonnable, vu les erreurs que j'ai faites!
Je vais boire un panaché au refuge. Je dois avoir une drôle d'allure, vu comment me regarde le gardien. Des randonneurs sont là, des vrais de vrai. Il y a aussi ceux qui sont montés en voiture, qui ont marchotté, tout en se donnant des airs de grand sportif (hein, madame, à qui cela fait-il plaisir de montrer son string à travers une large déchirure du short, blanc, pour bien faire ressortir le bronzage, s'il vous plaît... Pa-thé-ti-que!).
Ca me fait tout drôle de me retrouver là, toute seule. Je ne souhaite pas dormir dans le refuge. La maison forestière m'aurait bien plu, mais elle est déjà occupée par un groupe d'adolescents espagnols.
Je vais voir la petite cabane qui se trouve en contrebas... qui est une étable!!!
J'en resterai donc à ce que j'avais envisagé au départ : dormir à la belle étoile.
Je m'installe à l'endroit où nous avions planté la tente l'an dernier avec Eric et Océane; j'ai froid. Est-ce le contre-coup de cette rando? Je mets tout de même un bon bout de temps à me décider de changer de place, quitter l'ombre pour le soleil! Le manque d'oxygène doit asphyxier mes neurones...
Avant, à l'ombre, donc, je me suis fait la popotte, Stéphane m'a appelée, mais malheureusement, nous n'avons pas pu parler longtemps (je préfère  ne pas décharger la batterie du téléphone par sécurité).
Je m' installe donc - au soleil! - au-dessus de la maison forestière. Il n'y a personne, seulement une famille, probablement postée là juste pour regarder le coucher du soleil.



Il y a beaucoup de monde à Mariailles ce soir : des personnes venues pique-niquer, d'autres qui s'installent là pour la nuit, afin d'être prêts pour une rando le lendemain matin (Mariailles est l'un des points de départ pour l'ascencion du Canigou). Bien sûr, il y a aussi les randonneurs qui font une étape. Je suis néanmoins la seule à ne pas avoir de toit sur la tête.
Je suis aussi la seule à m'installer de ce côté. Pas pour longtemps! Un jeune garçon arrive et monte sa tente juste derrière moi. Il a l'air surpris de ma trouver là, seule, sans toit.
D'autres personnes arrivent.
Je m'apprête à passer une super nuit : coucher de soleil, ciel étoilé. Bien emmitouflée dans mon duvet, j'ai même chaud. Je retire ma polaire.
Oui, cette nuit aurait pu être super. Sauf qu'un groupe de jeunes allait en décider autrement. Ils sont venus là pour boire... Ils empêcheront tout le monde de dormir jusqu'au bout de la nuit. Deux d'entre eux viendront planter (enfin, jeter) leur tente juste à côté de moi. Un peu plus tard, un autre vient s'installer à mes pieds, dans un duvet. Je lui signifie ma présence, au cas où il ne m'aurait pas vue, il me répond "oui"... Je le lui répète et là il me dit "Oui, oui, c'est Fabien"! Je laisse tomber, il est complètement imbibé! Horreur! Il tousse, tousse! Et à peine endormi, il ronfle. Ses copains continuent de chanter, rire, crier... Remarque, étant éveillée, j'ai pu voir quelques étoiles filantes.
Mais tout de même, des comportements comme ça, ça donne des envies de crime!
Quand je parviens enfin à m'endormir, je rêve d'ailleurs que l'un d'entre eux vient faire pipi sur mon duvet et que je l'étripe avec l'Opinel que j'ai gardé près de moi...


Dimanche 10 Août 2008.
El canigo.
Et... Bonne fête Laurent!


Le matin, réveil avec le soleil. Comme la montagne est belle! Je me prépare tranquillement, je discute un peu avec mon voisin qui m'apprend qu'il fait la HRP : pas de balisage, sauf quand elle épouse un autre chemin de randonnée, style GR10. Le plus souvent, c'est navigation à la boussole, avec des indications de cap dans le topo, un peu comme ce que j'ai fait pour le Costabonne, "à la Georges Véron". Il me dit qu'il vaut mieux être familier avec les cartes IGN et maîtriser un peu l'orientation. Bref, je ne me sens pas encore prête pour me lancer dans l'aventure HRP. Il me faut parfaire ma lecture de carte...
Ce randonneur me propose gentiment de remplir ma poche à eau en même temps que la sienne au refuge, pendant que je surveille son sac. Ca m'arrange! Je n'ai aucune envie de redescendre (et surtout remonter) au refuge! Ma poche était presque pleine, je n'aurais pas fait le déplacement, mais puisqu'on me le propose si gentiment!!!!
Je l'attends environ dix minutes. Nous partons presque en même temps, mais comme je m'arrête au ruisseau pour faire un brin de toilette, nous ne cheminerons guère ensemble.
7h40 : la plupart des randonneurs s'engagent sur le même chemin, celui qui mène au Canigou. Le pas est lent. Moi, je me sens légère et en super forme. Mon mal de jambes de la veille a disparu; à nouveau, le Canigou me donne des ailes. Je double tout le monde. C'est parti! Je vais franchir le côté Sud du pic!
A 9h00, je suis à la jonction GR10/HRP vers el Canigo.
                                                              



A 9h17, je suis à la cabane Arago; j'en repars à 25.
A 11h07, je suis au sommet du Canigou, en passant par la brèche Durier.

Je me suis vraiment éclatée à monter par cette voie. Tout ce que j'aime!
Dans le descente, après la cheminée (oui, j'ai fait un aller/retour au Canigou) je croise les personnes que j'avais doublées à l'aller. Certains me demandent s'il reste beaucoup de temps pour atteindre le sommet; à un couple venant de Mariailles, je dis que j'ai mis 3h30 du refuge au pic, mais que je n'y suis pas allée doucement... Ce à quoi le jeune homme répond : "Oui, je sais, on est partis juste après vous!". Hi hi!

Je ne suis pas restée longtemps au sommet. Il y avait peu de monde, mais les randonneurs venant du pic Joffre commençaient à affluer. L'autoroute... J'ai hésité à resdescendre par la cheminée, car j'appréhendais un peu le poids du sac(peur qu'il ne m'entraîne vers l'avant), mais je n'avais pas du tout envie de suivre l'itinéraire Joffre- Cortalets pour rallier l'estanyol et Batère. Trop de monde et déjà fait...
Finalement, je suis redescendue par où j'étais montée, sans perdre trop de temps à réfléchir, me disant que si du monde montait, je devrai m'arrêter toutes les dix secondes, et ça m'aurait énervée! Et j'ai bien fait, car si j'ai croisé seulement deux groupes dans la cheminée, après, il commençait à y avoir foule (entre la brèche et le porteille de Valmanya). Puis j'ai bifurqué au porteille pour aller chercher la crête du Barbet. Vue magnifique! Au Canigou aussi, d'ailleurs : superbe vue panoramique, pas un seul nuage. Journée idéale...

La crête du Barbet est vraiment très agréable à parcourir.

J'aperçois déjà le chalet des Cortalets. La descente commence à me sembler longue. Il fait chaud, je me tords les chevilles; signe de fatigue...
Je ne vais pas jusqu'au chalet, je récupère la variante du GR10, où il y a l'épave de l'avion, chemin que nous avions commencé à gravir au pas de course avec Eric l'an dernier. Cette partie me paraîtra bien longue; je commence à me demander si j'arriverai bien pour 17h comme je le pensais... Ca tarde à descendre vers le ras del Pla Cabrera.
Enfin, au bout d'un temps qui me paraît interminable, j'arrive au ras. J'ai hâte et j'appréhende à la fois de découvrir combien de temps me sépare du refuge de l'Estanyol. Ce n'est quand même pas tout près...
Je lis noir sur jaune Pinateill 1h10, Batère 3h00. Ouf! Il est 14h30, ça devrait le faire.

Je chemine en plein soleil. C'est plat, mais j'ai la sensation de ne pas avancer. C'est un peu comme si je dormais tout debout. Sur le côté, il y a des framboises, mais comme c'est bien pentu, je ne m'y aventure pas. Je sens que la fatigue pourrait me faire faire des bêtises. Ma gourmandise n'aura pas le dessus cette fois-ci!

15h40, j'arrive à l'abri de Pinateil. Je ne me souvenais plus de celui-ci. Pour une fois, j'ai mis le temps indiqué! C'est pas bon signe... J'avais calculé que de là, il me resterait une heure cinquante pour rallier Batère, d'après le panneau du ras. Que nenni! Ici, il indique deux heures. Dix minutes de rallonge... Je ne sais plus si Pinateill et Estanyol sont éloignés.

Je poursuis mon chemin, reprenant un peu courage quand il me semble reconnaître l'endroit. Au loin, j'entends de l'eau couler. Serait-ce la source où nous avons fait notre toilette-vaisselle-ravitaillement en eau l'année dernière? Oui! Mais c'est encore loin! Il y a plus d'eau! Ouf, l'Estanyol ne doit plus être loin! Enfin, dans mon souvenir, on avait bien monté après le refuge pour atteindre cette source. Là, je n'ai pas beaucoup descendu...
Deux belles épingles et j'aperçois enfin une toiture!
16h30, pause goûter à la maison forestière de l'Estanyol. C'est fait. Je ne ressens pas du tout l'émotion que j'avais éprouvée à sa découverte l'an dernier. Est-ce à cause de la fatigue, ou parce qu'il y a là un homme aux allures de vagabond avec son chien, qui ne me rassure pas vraiment? Ou tout simplement parce que je connais déjà...

La fontaine coule à flot; elle a même un bon débit. Les framboises ne sont pas mûres.
L'homme a fait un feu dans la cheminée. On dirait qu'il habite les lieux. Je ne traîne pas.

A l'intersection col de la Cirère/ mines de la Pinosa, je constate avec stupeur que Batère est annoncé à ... une heure quarante-cinq!!! Je me reprends donc quarante cinq minutes par rapport à l'horaire annoncé au départ! Galère...
Mais il est vrai que je vais me reprendre 1731 - 1479 de dénivelé positif! Horreur! Mais je préfère que ça grimpe raide, à la limite, et que j'en finisse avec ce parcours!!!
J'arrive au col de la Cirère vers 17h45. Je me pose 10 à 15 minutes. Batère est à trente minutes.

Je terminerai le parcours en vingt minutes. Je me dis que plus jamais je ne reviendrai par ici. C'était la troisième fois (Batère- col de la Cirère- GR10 l'an dernier; la Gallinasse cet automne; et aujourd'hui!).
18h20 donc; je bois un coup au gîte. Mes jambes fourmillent, j'ai du mal à m'arrêter, en fait.
Je descends au col de la Descarga.

Voilà! 10h40 de marche presque non-stop; une super pêche au début (motivation du Canigou?) mais une grosse démotivation à partir de la fin de la crête du Barbet (et il y avait encore du chemin!).
Suis-je allée trop vite au début? Poids du sac, ou plutôt port douloureux (trop de ballotage au cours de l'ascension du pic)???...
Je constate à nouveau que l'émulation de la montée est là, que de savoir que je vais grimper là-haut donne des ailes à mes chaussures; mais après...
Bref, j'ai testé mes limites. Onze heures c'est trop long. Je ne me fais plus plaisir. Onze heures pour un seul pic, non. Pour plusieurs, oui, probablement.
Et aussi, seule, c'est bien; mais je préfère être accompagnée!
Plus jamais je ne veux partir seule dans la montagne.

 

 

"Ne suis pas les routes toutes tracées. Au contraire, va là où il n'y a pas de route et commence à tracer le chemin" (auteur inconnu).

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
La montagne ca vous gagne!
Derniers commentaires
Archives
Publicité