Le tuc de la Messe et le pic de Lampau depuis le parking d'Eychelle
...ou un parcours en crêtes dans le Couserans, à toucher du bout des doigts le Valier
Ce samedi 18 Juin 2011, le temps n'est pas très engageant pour randonner, pourtant, Laurent, Fred et moi prenons tout de même la route pour le Couserans, confiants en la météo qui a prévu une amélioration dans l'après-midi... On y croit, on y croit..............
Pour l'instant, dans la voiture, l'heure est à la morosité : plus on va vers l'Ouest, plus il pleut
La motivation est au plus bas pour moi. Laurent, quant à lui, ne dit rien, mais il n'en pense pas moins. Seul Fred semble imperturbable (ou devrais-je dire "imperméable"???!!!).
Lorsque nous arrivons à l'étang de Bethmale, Fred tente de nous rassurer en disant : "ça va, il ne pleut presque pas!". Presque pas, presque pas.... Nous n'accordons pas la même valeur au terme "presque"! D'ailleurs, le rythme des essuie-glace sur le pare-brise nous chante une toute autre chanson et la brume environnante en rajoute une couche, si j'ose dire! Pour nous réconforter et surtout écourter notre ascension qui sera humide - maintenant c'est sûr, il n'y a plus d'espoir, le temps ne se lèvera pas - nous avançons en voiture jusqu'au parking d'Eychelle (1400m), par la piste forestière. De là, un panneau indique qu'il faut 1 heure pour atteindre la cabane d'Eliet, où nous nous arrêterons peut-être.
Je patiente bien une demi-heure avant d'enfiler mes chaussures de rando, je n'arrive pas à me décider à sortir de la voiture, espérant sans doute secrètement que la pluie va se calmer, à défaut de cesser... Je crois que c'est bien la première fois que ça m'arrive...
Enfin, il faut bien y aller! Demain devrait être un jour meilleur climatiquement parlant, alors, zou, go! Les vêtements auront le temps de sécher au cours de la nuit, dans la cabane, au coin du feu. Le corps recouvert de l'indispensable poncho, c'est parti.
La belle grimpette du départ me fait transpirer sous le plastique, que je dois d'ailleurs relever afin de ne pas me prendre les pieds dedans (bon sang, que ce n'est pas pratique!). Waouh! L'Ariège se rappelle à moi, et à mes gambettes. Deux mois sans randonner, ça se sent dans les mollets (et oui, curieusement, les mollets!).
A cause de la météo et de l'eau qui ravine sur le sentier, on ne peut pas dire que cette première partie soit des plus agréables...
Mais ça va, ce n'est pas très long. En effet, en 38 minutes, nous sommes à la cabane d'Eliet (1683m), plutôt sympathique... Malgré le confort qu'elle offre et vu le peu de temps que nous avons mis pour y accéder, je pense que c'est mieux de continuer jusqu'à la cabane suivante, histoire de se dire qu'on ne s'est pas mouillés pour si peu (mouillés pour mouillés, maintenant, hein...!!!) mais aussi pour s'avancer davantage pour demain.
Après un petit égarement sous le col d'Auédole à cause de la brume qui nous enveloppe, rapidement récupéré, nous poursuivons donc notre chemin jusqu'à la cabane d'Eychelle (1980m) à laquelle nous parvenons après 1H12 de marche, plus tranquille que la première partie du parcours.
la cabane d'Eychelle
Deux bergers se trouvent à l'intérieur; lorsque nous arrivons, ils sont en train de ranger quelque chose (du sel?) à l'étage. Après un rapide coup d'oeil, nous nous apercevons qu'il y a peu de couchage. Si nous devons cohabiter avec eux, il va falloir se serrer!
Mais non, les courageux rassemblent leurs brebis et reprennent leur chemin, vaillamment, sous leurs énormes parapluies.
Les garçons vont chercher du bois (à souligner : denrée rare en ce lieu, mais Laurent a le nez fin et parvient à en trouver - il est incroyable!) puis nous nous changeons rapidement.
Un groupe de 5 randonneurs arrive; ils sont bien dépités de constater que la place est prise et poursuivent donc leur route jusqu'à la cabane suivante... En effet, il y a possibilité de couchages à l'étage, mais comme les bergers ont cadenassé la trappe, il est inaccessible.
Laurent a beaucoup de mal à se réchauffer.
Alors il s'approche du feu tout juste allumé et se charge à partir de ce moment de son entretien.
Le fiston se révèle un maître en la matière et prend beaucoup de plaisir à faire en sorte que la flamme ne perde pas de sa vigueur.
Lorsqu'il y a suffisamment de braises, nous pouvons faire griller un succulent magret et passer à table!
Après un dîner plus que copieux et une bonne partie de fou rire - l'altitude jouerait-elle des tours à Laurent? -
l'heure est au repos, au dodo!
Bien emmitouflés dans nos duvets, nous profitons de la chaleur résiduelle avant de plonger dans les bras de Morphée.
Dans la nuit, le vent souffle un peu, faisant claquer et s'ouvrir la porte. Fred se lève pour la fermer. Il constate que la nuit est claire. Le temps s'est enfin levé! Plus tard, nous entendons quelque chose gratter, à la porte ou à l'étage, assez fortement, mais heureusement sans insistance. Cette fois, personne ne se lève pour voir ce qui se passe. Courageux, mais pas téméraires! Mystère sur l'origine de ce bruit...........
Après une bonne nuit durant laquelle il a fait bon, nous nous levons avec du baume au coeur car le soleil brille, brille, brille. Génial!
J'avoue que je n'y croyais qu'à moitié...
La journée s'annonce radieuse ;-)
c'est plus joli avec le soleil, non?
Dimanche 19 juin : Objectif du jour --> le tuc de la Messe (2446m). Comme la météo est clémente, nous pensons faire une boucle en passant par le col de la Crouzette (2237m) et revenant par la crête Ouest. Nous nous engageons donc sur le sentier balisé. Nous cheminons à l'ombre et il ne fait pas chaud; c'est dommage : le soleil brille tellement! Alors, au bout de cinq minutes, je propose aux garçons de faire demi-tour et d'attaquer le circuit en sens inverse. Au moins, de l'autre côté, nous profiterons de l'ensoleillement!
Sitôt dit, sitôt fait, nous revenons sur nos pas et nous engageons sur le versant opposé avec pour objectif le petit col au-dessus de la cabane. Après, nous suivrons la ligne de crête vers le Sud, jusqu'au cap d'Auternac (2361m) avant de redescendre et d'aller chercher le pic de Lampau.
la position préférée de l'ado
l'autre position préférée de l'ado, ou l'art de la pratique du retournement style crêpe
Au fur et à mesure que nous grimpons, le majestueux Valier (2838m) s'impose dans le paysage. Il est si proche qu'il nous semble que nous pourrions l'atteindre en un bond ! Je le découvre sous une autre facette et j'avoue qu'il m'impressionne (et me donne envie, par la même occasion).
C'est ainsi que Laurent fait connaissance avec le "Seigneur du Couserans"...
le col de la crouzette
à droite, le pic de Lampau, puis l'arête que nous allons suivre
Le tuc de la messe
Nous descendons vers la cabane des Espugues. Le paysage à cet instant me fait penser aux Alpes. Je trouve que cette facette des Pyrénées est différente de ce à quoi je suis habituée mais tout aussi magnifique.
Les marmottes qui se faisaient entendre depuis le début de la randonnée montrent enfin le bout de leur nez. Nous aurons même l'occasion de voir un autre mammifère, une hermine, je pense (ou une belette?) et partout, des fleurs, toutes plus resplendissantes les unes que les autres. Il est des instants magiques où la montagne étale ses palettes de couleurs et où ses habitants s'amusent sous nos yeux émerveillés. Ce moment-là en fait partie...
Lorsque nous arrivons à la cabane des Espugues (2110m), ce sont deux autres "curiosités" qui se trouvent là : un couple d'Anglais à qui l'altitude fait un peu tourner la tête (enfin, nous allons dire ça, personne n'étant allé vérifier ce qu'il y avait dans leur papier à cigarette tout juste roulé!!!). Ce site, lieu de passage du "chemin de la liberté" est merveilleux. http://www.chemindelaliberte.com/page_chemin01.html
Un petit coucou aux vaches et nous reprenons notre chemin. C'est parti pour l'ascension du Pic de Lampau (2543m)!
Ca grimpe plutôt pas mal, et même carrément bien sur la fin...
Le Valier nous guette, il semble de plus en plus près. Cette face et la ligne de crêtes y menant me font décidément bien envie...
c'est parti pour la premiere partie du lampau
Le pic de Lampau
derniere petite pause photo avant d'atteindre le sommet
Laurent en tête pour le final
fleurs nichées dans les rochers
Laurent au sommet (heureux, si, si!!!)
le sommet du Lampau avec le Valier en arrière-plan
vue sur le pic de Pomebrunet
notre lieu de pique-nique, à l'abri du vent, non loin du sommet du Lampau, sur un petit à-pic
au loin, le massif de la maladeta???
le pic du midi
le pic des 3 seigneurs
le massif du Montcalm (?)
La suite de l'itinéraire n'est qu'un enchaînement de montées-descentes par les crêtes qui me (nous) ravit. Laurent excelle dans ce terrain de jeu et s'y montre vraiment très à l'aise, même (surtout?) quand la largeur de l'arête se rétrécit ou qu'il faut désescalader.
la descente du Lampau
Au col de Craberous (2382m - entre le Quer Rouge et le tuc des Escalettes) la poursuite par la crête nous semble incertaine, voire impossible; nous tentons donc de contourner par la gauche. Le sentier est visible un peu plus bas, mais il faut faire un bon pas d'escalade avant de rejoindre un terrain plus facile. Laurent et moi passons, bien agrippés au rocher, tandis que Fred préfère repasser par le haut. C'est ainsi qu'il se rend compte qu'il aurait été bien plus facile de rester en crête.
Ce passage nous a coûté en énergie; reste à savoir si ça passe après le tuc des Escalettes ( 2429m -sommet précédent le tuc de la messe), car d'où nous sommes, c'est impossible d'en avoir un aperçu. Mais je suis confiante, étant donné que ce matin, depuis le versant opposé, nous avons vu deux randonneurs sur cette crête.
un regard sur le chemin parcouru avant d'attaquer le tuc de la messe
ascension du tuc de la messe
au sommet du tuc de la messe
Effectivement, ça passe, sans difficulté. Le Tuc de la Messe (2446m), la "vraie" destination du jour, est également conquis ;-)
Après cette nouvelle grimpette, Laurent, plein de bonne volonté, choisit de poursuivre jusqu'au sommet suivant, le Quer Ner (2389m). C'est donc reparti!
à nouveau, un regard sur le chemin parcouru
le tuc de Quer Ner
Mais arrivé au col d'Aubies (2219m), la fatigue se faisant ressentir, il choisit de retourner directement à la cabane d'Eychelle. Nous descendons donc à travers pente, ce qui n'est pas une entreprise très facile. Fred, qui a choisi d'aller jusqu'au tuc d'Eychelle (2315m), arrivera finalement à la cabane un peu avant nous, avec une montée supplémentaire, certes, mais une descente moins technique. A recommander, donc, surtout pour une fin de parcours...
Après avoir refait le plein d'eau, nous nous posons un petit moment... Un rapace nous fait son spectacle aérien et les moutons se rassemblent pour descendre eux aussi.
rapace à identifier... (je pense à un gypaète)
Enfin, il faut songer au retour, mais nous devons avant cela relester nos sacs à dos des affaires que nous avions laissées ce matin à la cabane. Ce n'est pas de gaité de coeur que nous reprenons ces quelques kilos!!!
Nous découvrons le paysage que nous avons traversé la veille sous la pluie et dans la brume, et c'est magnifique...
le lac d'Eychelle
le col d'Auédole
la cabane d'Eliet
Ainsi s'achève ce superbe parcours en arête, sur lequel je suis heureuse d' avoir emmené Laurent. Bravo à lui! 1h50 de marche pluvieuse samedi avec 721m de D+, 157 de D- et 4,5 km.
Le dimanche, 7h30 de parcours en crêtes, sur une distance de 10,15 km, avec un dénivelé de 1237m et 1h12 supplémentaire pour retourner au parking, avec 110m de D+, 670m de D- et une distance de 4 km.
La différence de distance entre le parking et la cabane à l'aller et au retour s'explique par l'erreur commise à l'aller... Comme quoi c'est vite fait de prendre du D+!!!
A noter qu'au pic de Lampau, mon GPS indiquait une altitude de 2555 m.
le parcours sur la partie Nord de la carte
le parcours sur la partie Sud
le profil du parcours en crêtes
Carte 1/25000 n° 2048 OT Aulus les Bains-Mont Valier.
Pour le circuit complet, 18,650 km, 10h30 de marche, 2068m de D+
Le Valier par le col de Pause septembre 2010
Le Valier par la voie normale juin 2013
Le Crabere et le Maubermé août 2015