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La montagne ca vous gagne!
15 août 2021

Le Tour de la Bessanese, Haute Maurienne - Alpes Grées - Savoie - Italie août 2021

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Au cours de l'hiver, Lalou m'avait proposé de faire un trekk avec lui. Le projet initial était de faire le tour des glaciers de la Vanoise. Or, je crains que cet endroit déjà très fréquenté habituellement soit, en pleine crise sanitaire, envahi par les touristes à la recherche de l’air des montagnes – ce qui se comprend.

Moi, j’aime pas le monde ! Et la contrainte de devoir poser sa tente à un endroit imposé - parc national oblige - ne me plaît pas trop. Aller bivouaquer au coeur de la montagne pour se retrouver les uns sur les autres aux abords de refuges, très peu pour moi ! Dès lors, il faut abandonner l’idée de faire un trekk dans un parc national !

Ce n’est pas grave, « en face » et tout autour, il doit bien y avoir d’autres itinéraires tout aussi beaux, et surtout plus tranquilles.

Je tombe je ne sais plus trop comment sur « le Tour de la Bessanese ». Tiens, tiens… Le descriptif attire tout de suite mes yeux, mes papattes, et tout et tout… en plus c’est un mini trekk, 3 jours, c'est court, mais idéal pour mon dos fragilisé. Je sais qu’en cas de difficulté de ce côté, je ne m’engage pas trop, ni sur la distance, ni sur la durée.

Je tombe sur un topo succinct sur Altitude rando, lui-même issu du refuge d’Averole, qui tient sur deux pages A4 une fois copié/collé. J’imprime également les bouts de cartes nécessaires, même si côté italien – car oui, c’est une boucle franco italienne - c’est un peu… blanc ;-(

Pour la petite anecdote, nous nous rendrons compte à la fin de l’étape 2 que ce mini topo A4 est exactement le même que celui présent dans le livret accompagnant la carte que Lalou s’est procurée pour le périple… en beaucoup moins lourd ;-)

Un exemple de descriptif : « Cet itinéraire est idéal pour les randonneurs expérimentés qui aiment découvrir des paysages sauvages, des vallées diverses, franchir des cols à plus de 3000 m d’altitude. Il ne présente pas de difficultés d' alpinisme, mais à cause du milieu sévère dans lequel il se déroule, spécialement en conditions climatiques non optimales (brouillard-neige), il est classifié comme EE (randonneurs confirmés : itinéraires généralement signalés sur des terrains accidentés : sentiers ou traces sur terrain escarpés ou dangereux (pentes abruptes et/ou glissantes, sur herbe, clapiers....) Courts passages rocheux avec des difficultés techniques légères. » (source : caf – refuge Averole).

 

Étape 1/3 : Averole (hameau et refuge) – passage du Collerin – glacier de Pian Gias – refuge Gastaldi - lac d’Arnas

1400 m D+ 700 m D-

6 h depuis le hameau d’Averole (avec les pauses)

11 km (toujours depuis le hameau d’Averole)

[Attention ! Les données que vous trouverez sur la plupart des topos partent du refuge d’Avérole et non du hameau; ils arrivent au refuge Gastaldi! Compter 45 à 60 mn entre hameau et refuge d'Averole & 15 mn entre Gastaldi et le lac d’Arnas.]

Vendredi 13/08/21, après un camping sauvage à proximité de la Goulaz (vallée d’Averole) et une nuit bercée par le son de l’orage et de la pluie sur la toile, nous montons en voiture jusqu’au hameau de Vincendières (1860 m) puis en navette jusqu’au hameau d’Averole (2000 m).

10h20, c’est parti pour ce tour franco italien dont le nom provient du sommet autour duquel nous allons effectivement tourner, la Bessanese (3592 m). Jusqu’à ce jour, j’ignorais qu’il y avait une montagne ainsi nommée – pourtant, je suis venue une paire de fois dans le secteur entre les années 1990/2000 – et je pensais que ce circuit devait son nom au village départ, Bessans (et du coup, je comprends mieux l’orthographe- car tout ce qui se rapporte à Bessans s’écrit bessannais/bessannaise).

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À 11h, nous sommes au refuge d’Averole (2229 m). Lalou est d’humeur maussade, je le vois bien à sa tête et son air renfrogné ; il ne veut rien boire, rien manger au refuge. Plus tard il dira que je n’ai pas changé, entendez par là que je pars très rapidement. Ah bon… Ceci explique peut-être cela ;-)

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C’est super beau, le panorama est magnifique. Après ces 40 minutes d’échauffement entre hameau et refuge, les choses sérieuses vont commencer. Nous repartons à 11h15 environ, prêts à affronter les 1000 mètres de D+ qui nous séparent du passage du Collerin (3207 m), point le plus haut de cette première étape et de tout le trek, d’ailleurs !

Certaines parties sont raides, on a toujours le refuge en vue, ce qui nous donne la désagréable sensation de ne pas prendre de hauteur malgré l’effort !

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Peu à peu, la verdure disparaît pour laisser la place aux cailloux, d’abord assez gros, entre lesquels des fleurs parviennent à pousser, notamment des arnicas. Puis nous prenons pied sur la moraine, et là le caillou se veut beaucoup plus fin, beaucoup plus gris. Nous devons rater le moment où il fallait franchir le ruisseau, car nous ne voyons plus aucune trace de balisage alors que jusqu’à présent, l’itinéraire était parfaitement marqué. Erreur heureusement vite récupérée, mais je me mouille les pieds. Mon ordinaire en montagne, quoi. Dès lors, nous remontons une épaule caillouteuse avant de parvenir à de larges cuvettes où persistent quelques névés. Ma petite appréhension de trouver là un terrain gelé, dur et glissant émerge malgré moi, mais disparaîtra rapidement : ça passe tout seul !

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Nous arrivons sur la crête frontière, au niveau d’un couloir qui offre une vue plus que vertigineuse !

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Heureusement, ce n’est pas celui-ci qu’il faut emprunter pour basculer versant italien (d’après les topos, c’est infranchissable). L’itinéraire nous fait donc redescendre très légèrement pour longer les parois acérées de la pointe des Audras et nous mène sans difficultés au passage du Collerin. Il est 14h05, nous aurons donc mis 2h50 depuis le refuge.

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Un sifflement reconnaissable entre tous se fait entendre dans les airs : c’est un planeur, puis deux, qui se défient des courants et voltigent si près des parois que c’en est impressionnant ! Spectacle magique !

C’est dommage que le ciel soit couvert vers l’Ouest, la luminosité n’est pas favorable à de beaux clichés ; nous avons face à nous la Dent Parrachée qui nous fait des petits clins d’oeil, étendant à son pied les glaciers de la Vanoise, ainsi que la Grande Casse. Le Charbonnel est quant à lui omniprésent dans le paysage!

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Côté italien, c’est un couloir qui nous attend, dont on ne voit pas la totalité. Y’a de la pente descendante raide au programme ! Raide et pas agréable du tout ; c’est un immonde éboulis complètement instable. Une main courante a été installée sur la paroi de gauche ; c’est franchement pas mieux de s’en saisir, surtout quand on est deux. Les portions de corde sont longues et ça bringuebale de partout pour le second. Du coup, Lalou et moi y allons chacun de notre itinéraire, choisissant celui qui nous semble le mieux adapté, et ça tombe plutôt bien, car n’optant pas pour le même, nous descendons dans un axe différent, ce qui restreint fortement le risque de se prendre un caillou.

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Sortir de ce long couloir est un vrai soulagement. Enfin, il semblerait que j’aie trouvé plus pénible que la descente du mont Rouch (Ariège - Pyrénées), laquelle m’apparaît à présent comme une difficulté toute relative!!!

La suite, c’est le glacier de Pian Gias, du moins, ce qu’il en reste, c'est à dire, rien… paysage particulier ! Cheminer sur la neige constitue le repos du guerrier. C’est peu pentu, ça déroule tout seul… le bonheur. Nous perdons de temps en temps le balisage, bien gros et bien frais depuis que nous avons basculé en Italie, car tentés de rester sur la neige plutôt que le rocher. Mais grosso modo, on le retrouve toujours devant nous. Il n’y a qu’à un moment où il part et monte franchement vers la gauche, ce qui nous surprend, et nous décidons de ne pas le suivre… hem, hem, gros moment de doute : devant nous, un pont de neige limite limite sur le torrent dans lequel il serait très dangereux de tomber, pour ne pas dire fatal. Prudence ! Nous allons peut-être devoir rebrousser chemin et suivre docilement les traits rouges et blancs que nous avons abandonnés. Mais non ; en restant bien collés à la paroi, ça passe. Ouf ! Le lendemain, nous discuterons avec deux randonneurs nous expliquant avoir eu des difficultés à ce niveau. Eux ont suivi scrupuleusement le balisage et se sont retrouvés à devoir traverser le torrent, dont le débit est important, à gué (bon, curieux, car après avoir franchi le pont de neige, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une passerelle en aval – à mon avis, c’est le passage balisé ; l’ont-ils perdu ?).

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Une passerelle, nous en passons une, qui signe un changement de direction : nous partons plein sud, avec l’imposante et majestueuse Ciamarella dans le dos. Nous tombons sur une intersection depuis laquelle on voit un village italien et un grand parking (plan de la Mussa), vers 2550 m. Marque de civilisation qui signifie pour moi que le refuge Gastaldi ne devrait plus être loin ; cependant, après un rapide tour d’horizon, nous ne voyons pas où il pourrait se nicher… bizarre ! Ah ben oui, tu parles, la crête nous cachait un chemin qui grimpe. Je ne peux pas y croire : ne me dites pas qu’il va falloir remonter ÇA pour atteindre le refuge. Gros moment de solitude pour moi, de découragement, surtout. C’est pas souvent que ça m’arrive, mais je trouve ça cruel ! Ça doit être à cause du gros sac, même si son poids me paraît tout à fait supportable ! Je dois faire une de ces têtes !

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Bon, quand faut y aller, faut y aller. Ce n’est pas si terrible que ça, en fait, mais c’est toujours la surprise au bout du chemin : tu crois que c’est fini, mais non ! On aperçoit une construction un peu plus haut… mais ce n’est pas le refuge ! Juste les ruines d’un ancien téléphérique ! Quelques pas sur un bon sentier où la platitude nous surprendrait presque, nous mènent enfin au refuge Gastaldi. L’ancien, et le nouveau, un peu au-dessus. Pas très joli, mais le cadre en revanche est majestueux !

Il est 16h20, je crois que nous avons bien mérité une petite bière ! Même si c’est plutôt du pipi de chat, elle se laisse apprécier. Il ne fait pas chaud, brrr, pourtant, le soleil brille !

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Après un petit moment de repos et de bavardage avec d’autres randonneurs français faisant ce trek (deux hommes, puis deux femmes), nous décidons de partir à la recherche du lac d’Arnas, en espérant pouvoir poser la tente sur ses rives ; cela sera plus sympa que de rester aux abords du refuge, qui cependant, semble bien calme ! Nous y allons un peu au pif, à partir d’un laquet et tombons pile poil dessus ! C’est juste waouh pour y passer la nuit. Vite, vite, profitons du fait qu’il soit encore au soleil pour prendre un bain. À noter qu’il n’est qu’à une quinzaine de minutes du refuge, et qu’il est aisé de le trouver depuis ce dernier, en continuant sur le Tour de la Bessanese, jusqu’à trouver une intersection et un panneau indicateur ; nous nous en apercevrons le lendemain, en quittant ce lieu idéal pour récupérer le sentier balisé ;-)

L’eau n’est pas super chaude, cela va de soi mais les rayons du soleil permettent de ne pas être gelés en sortant !

Installation du bivouac, préparation du repas, tentative (ratée) de capter les reflets de la montagne sur l’onde au gré de la luminosité changeante, c’est une soirée ordinaire d'itinérance très agréable, très apaisante ; juste ce dont j’avais besoin ! Cela me rappelle à quel point cette façon d’aborder la montagne est ancrée en moi, combien elle me convient.

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Étape 2/3 : lac d’Arnas – Lago della Rossa – Colle Altare – refuge Cibrario (pian de Sabiunin)

700 m D+ 770 D- selon les topos

5h35 avec les pauses et les allers retours hors itinéraire

9 km avec les allers retours à la pointe Fortino et au second lac de Peraciaval

Samedi 14/08/2021 : hier soir, le temps quelque peu couvert donnait aux parois de la Bessanese et autres sommets un aspect austère, très sombre, et ce matin, au lever, ce qui me surprend, c’est la blancheur de ces mêmes parois. Le bleu du ciel est éclatant, une journée magique s’annonce. L’étape est donnée en 4h/4h30, cela nous paraît bien court pour une journée d’itinérance, aussi, même si le réveil est matinal, nous prenons notre temps et partons à 9h40. Nous allons récupérer le sentier balisé, et comme indiqué précédemment, rigolons en voyant que le lac est indiqué, tandis que nous l’avons trouvé au pif hier ! Nous descendons vers les eaux de cristal  mentionnées dans le topo, et c’est vrai que la couleur de ce torrent contraste avec celle des eaux issues des glaciers, grises et boueuses. Ici, il y a pas mal d’indications, les sentiers portent des numéros, semant parfois le doute. On serait presque tentés de monter au col d’Arnas. Enfin, Lalou, pas moi ! Je crains que son accès soit encore un immonde couloir d’éboulis et j’ai eu ma dose hier (au risque d’en surprendre certains!!!).

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Un ou deux névés à traverser, une pente raide équipée d’une main courante, un randonneur italien qui semble à la peine et que nous doublons plusieurs fois après nos nombreux arrêts et que nous surnommerons gentiment le chevelu (il fait partie d’un groupe de 4, mais ses 3 comparses ne l’attendent pas trop!), laquet, pas à pas, un peu avant 11 h, nous parvenons au collerin d’Arnes. Et là, j’ai l’impression d’être sur les pentes du Montcalm (3077 m, point culminant de l’Ariège, Pyrénées). Je m’approche du lac, persuadée de faire de magnifiques clichés de ce miroir dans lequel se reflète la Ciamarella, mais la qualité de mon téléphone est plus que médiocre, je râle ! Lalou, quant à lui, aimerait monter sur les flancs de ce Montcalm italien, histoire de voir ce qu’il y a derrière. Je lui propose d’y aller seul pendant que je profite du panorama depuis le col mais il ne veut pas. Alors, toujours dans les pas du chevelu, on repart vers le lago della Rossa, mais un peu plus loin… un panneau à notre gauche indique « punta Fortino 3010 m 20mn ». Et voilà ! On planque les sacs et c’est parti pour cette petite ascension. Lalou a gagné ! La vue y est très belle, mais mon comparse est déçu de ne voir ni le Cervin, ni le mont Rose. Mais on peut voir le Mont Blanc, les grandes Jorasses, la grande Casse et j’en passe. Notre destination, aussi, le sublime lago della Rossa.

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En descendant, nous allons voir le premier animal depuis que nous sommes partis : un bouquetin ! Nous nous faisons la réflexion que les animaux ne sont pas légion ici, comme s’ils avaient tous migré vers l’un de 2 parcs nationaux entre lesquels nous nous trouvons : Vanoise versant français et grand Paradis versant italien !

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Dans une partie très raide, nous croisons un autre animal, un étrange bipède portant sur son dos sa monture qui représente davantage un fardeau dans cette portion qu’une aide roulante. Le pauvre, épuisé, se pose sur son séant avant de repartir de plus belle, le dos courbé.

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Peu après, certainement distraits, nous prenons une direction qui ne me semble pas correspondre à celle que nous devrions prendre. Pourtant, c’est bien balisé en rouge et blanc. Nous décidons de faire demi-tour et en effet, nous constatons que nous avons raté quelque chose car le sentier continuait tout droit et non pas à gauche comme nous l’avons fait. Rien de bien méchant, nous poursuivons notre chemin et parvenons à 12h30 au barrage du lago della Rossa, vaste étendue d’eau turquoise autour de laquelle subsistent quelques vestiges de l’activité hydroélectrique. Il paraît qu’il y a un bivouac avec chauffage électrique ; nous n’allons même pas voir. 

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Après le lac, il y a des moments où on se demande où est la suite de l’itinéraire tant le paysage semble fermé, voire austère. Mais le parcours arrive toujours à se frayer un chemin à travers la pierraille, qu’elle soit faite de gros blocs ou de caillasse plus fine. C’est un terrain dans lequel je me régale, même avec mon gros sac. J’adore, je suis aux anges, dans mon élément. Lalou beaucoup moins ; il trouve ce cheminement vraiment très casse-pattes et fatigant. Vers 13h30, le coll d’Altare est franchi. Les barres rocheuses nous empêchent de voir la suite de l’itinéraire, mais je remarque un beau lac suspendu droit devant nous, que je ne repère pas sur la carte, tandis que derrière nous, nous voyons encore le lago della Rossa. Lalou se sent perdu dans cet univers, il n’arrive pas à faire la correspondance terrain/carte et cela le perturbe. Moi, pas du tout ! C’est si bien balisé que je lui dis qu’il suffit de suivre les traits de peinture et puis c’est tout. Toutefois, je compatis ; moi aussi, j’aime bien comprendre.

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Je disais donc : bien balisé...mouais, et bien nous trouvons encore une fois le moyen de perdre notre route. Nous nous retrouvons sur une partie herbeuse, jusqu’à buter sur une belle barre rocheuse infranchissable. Il est évident que ce n’est pas le bon chemin. Demi-tour donc, jusqu’au dernier trait de peinture vu, et là, dans ce sens c’est plus visible, on voit la sente plonger dans un mini couloir qui permet de franchir une des nombreuses barres rocheuses du secteur. Bon, ce petit égarement nous aura permis d’avoir en visu le grand lac de Peraciaval où nous avons décidé d’aller faire une pause (hors itinéraire).

Nous quittons donc le sentier au premier lac de Peraciaval et allons, hors itinéraire, au second. Purée, il ne me paraissait pas si loin ! Moi aussi, je dois être fatiguée, si bien qu’arrivés sur un promontoire à quelques mètres au-dessus du lac, je n’ai aucune envie de descendre jusqu’à la rive. Je pense que c’est inutile, que l’on ne pourra pas faire de plus jolies photos, qu’il y aura plus de vent, que ça sera peut être même humide, blablabla, bref, je me donne toutes les excuses du monde pour rester LÀ et satisfaire mon estomac qui crie famine. Il faut dire qu’il est 14h ; il serait temps de faire la pause repas. Lalou bivouaquerait bien ici – enfin, quelques mètres plus bas - moi non ; j’ai envie de pousser jusqu’au refuge Cibrario, tout proche, voire plus loin. Seulement, au vu du paysage plus que minéral que nous venons de traverser, nous nous demandons si nous trouverons un endroit où planter la tente… continuer d’avancer est risqué ! Mais on le tente et à 14h50/15h, nous voilà repartis.

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À 15h15, nous sommes au refuge Cibrario, c’est tôt, mais la brume envahit le secteur et dans ces conditions, nous nous voyons mal continuer. La suite n’est vraiment pas engageante dans cette atmosphère et nous ignorons totalement si nous trouverons un endroit plus accueillant au-delà et surtout...dans combien de temps !

Alors nous nous mettons en quête d’un endroit où le sol est sec sur le Pian de Sabiunin, à proximité du refuge, ce qui est loin d’être évident car c’est plutôt une mouillère ! Je sens que si je ne trouve pas cet endroit, il y en a un qui va me maudire et me faire regretter de ne pas nous être arrêtés au lac. Il faut croire que je n’ai pas envie de me faire engueuler et que c’est une motivation forte car je finis par dénicher un emplacement où ça ne fait pas floc-floc. Ouf, me voilà délivrée de ça ! Reste à faire avaler le fait de devoir faire une toilette rapide dans un de petits ruisselets du pian plutôt que le bon bain qui aurait été possible dans le lac de Peraciaval. Heureusement, une ou deux bières au refuge de Cibrario, une fois propres et frais, fait oublier tout le reste !

Nous retrouvons les deux Français rencontrés hier au refuge Gastaldi qui nous avaient donné l’info bivouac au lac d’Arnas, mais à peine arrivés, ils vont s’enfermer, ainsi qu’un couple que nous n’avons pas vu hier, car il a dormi à proximité du refuge Gastaldi et est arrivé après 20h, alors que nous profitions des dernières lueurs du lac d’Arnas. Il y a aussi le groupe du chevelu, lequel a bien du mal à arquer, comme on dit !

On discute longuement avant de regagner notre petit dortoir pour nous tout seul.

Il y a des bouquetins aux abords du refuge, je les surprendrai en allant photographier des linaigrettes, mais ils sont bien farouches !

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Si au départ, cette étape nous a bien fait rire compte-tenu de sa courte durée et du faible dénivelé, elle n’est toutefois pas à négliger car faisant évoluer sur un terrain parfois ardu. Sincèrement, moi qui suis en général capable d’évaluer à la marche le dénivelé effectué, j’ai l’impression d’avoir fait bien plus que les 700 m annoncés ! Il faut penser également qu’elle fait suite à une « longue » étape, exigeante elle aussi, et au final, il y a tant de choses à voir tout le long du parcours que ça serait dommage de ne pas s’y attarder.

Mais il est possible de la rallonger de deux heures environ si la météo et la forme le permettent, c’est ce que nous allons découvrir le lendemain.

 

Étape 3/3 : Pian de Sabiunin (refuge Cibrario) – lacs et col de l’Autaret – vallon de la Lombarde – cabane des bergers – hameau d’Averole

750 m de D+ et 1550 m de D-, toujours d’après les topos (qui font retourner au refuge d’Averole, et non au hameau)

Entre 15 et 20 km

7h35 avec les pauses et le passage au second lac de l’Autaret

Dimanche 15/08/2021, c’est ma fête, mais personne ne le sait, Marie m’a volé la vedette ! Une belle journée s’annonce. Nous avons dormi au pied de la première grimpette du jour, prêts à partir à 8h45.

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Après un petit névé de mise en jambes, c’est encore de la caillasse qui nous attend, je me régale. Ce qui semblait au premier abord bien raide se grimpe finalement tout seul et nous arrivons tranquille au Pian Sulè, où nous avons toujours à vue notre ami le chevelu. On se dit que ses 3 potes doivent l’attendre au col Sule (3063 m) où nous parvenons une heure après notre départ, mais non ! S’ensuit une belle descente bien raide dans de très fins éboulis (ça devient une habitude) où nous avons une vue sur les lacs de l’Autaret. D’après le topo et la carte de Lalou, nous ne passons pas à proximité de ces lacs, l’itinéraire nous fait descendre direction sud/ouest pour aller chercher une intersection et un sentier nous ramenant au col de l’Autaret. C’est bien dommage, et hors de question. Nous avions déjà envisagé aller rendre une petite visite au moins au premier.

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De fait, nous sommes agréablement surpris de voir que le balisage nous amène à ce lac. Il n’y a donc pas de question à se poser, c’est juste que l’itinéraire a été modifié depuis l’édition de la carte que nous détenons. Et en effet, sur les cartes postées à la fin de ce récit (mais que je n'avais pas sur le trekk), on voit qu’il y a une multitude sentiers à cet endroit. Par ailleurs, les bouts de carte que j’ai imprimés – même si le fond est blanc – correspondent bien à ce que nous sommes en train de faire. Génial, donc ! Tiens, c’est ici que les Italiens attendent le chevelu ; ben quand même, ils ne sont pas très cool de laisser autant de distance entre eux… Nous constatons que c’est un endroit idéal pour planter la tente. Bon à savoir pour une prochaine fois. Et cela ne fait qu’1h20 que nous sommes partis, il est donc largement possible d’ajouter cette portion à l’étape 2. Bon, avec la fatigue et le D+ cumulés, soyons large, disons qu’il faut ajouter 2h à partir du refuge Cibrario.

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Comme ça me manquait certainement de ne pas faire du hors piste, je propose à Lalou de quitter le sentier afin d’aller voir le plus grand lac de l’Autaret. C’est pas tous les jours qu’on reviendra, alors tant qu’à y être, autant aller explorer le secteur. Nous voilà donc partis à remonter le déversoir du lac. Celui-ci est un peu plus loin que ce que j’avais imaginé, je me dis qu’encore une fois, mon compagnon de rando va me détester, mais quel bonheur de parvenir à ce magnifique miroir, et je m’en voudrais là encore d’avoir un téléphone de bien piètre qualité pour les photos ! Cela fait 2 h que nous sommes partis, on s’accorde une bonne petite pause. J’ai faim. C’est fou, ça ! Moi qui n’ai jamais faim en rando, je crève la dalle tout le temps depuis hier !

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Lalou est encore perturbé par la relation terrain/carte, car il n’y en a pas, en fait. Lui qui s’enorgueillait d’avoir mis la main sur une carte transfrontalière de bonne qualité, je sens bien qu’il est déçu par son acquisition !

Nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur la suite à donner à notre cheminement (enfin, surtout sur la direction du col de l’Autaret) mais Lalou est tellement dans sa carte et son désir de « savoir » qu’il n’émet plus aucun doute là-dessus, et je suis bien obligée d’admettre qu’il a raison. En plus, nous venons de voir deux randonneurs au-dessus de nos têtes ; le sentier balisé passe tout près, alors ?

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Décidément, nous ne détenons que des infos erronées ! Une fois le sentier facilement récupéré, nous surplombons donc le grand lac et au détour d'un virage, émerveillement, le Mont Viso gravi il y a deux ans entre dans le paysage ! C’est magique ! Il est plus de 10 heures, et même 11, et ce seigneur n’est pas enveloppé dans sa nebia, si caractéristique ! Il émerge, fier, dans le ciel d’azur ! Cela doit être plutôt rare ! Nous tombons également sur le sentier venu du SO par lequel nous aurions dû arriver d’après le topo et la carte. C’est donc à partir de là que nous sommes raccords avec les indications en notre possession. Une petite descente nous fait arriver à la ruine « casermetta » ; il semblerait que ce soit l’itinéraire d’un parcours trail par ici. Nous remontons et voyons enfin le dernier lac, le plus haut (seul le 3ème restera inconnu). Désormais, atteindre le col de l’Autaret (3072 m) n’est plus qu’une formalité. Ça y est, nous voilà revenus en France. Une vieille croix en bois signale la frontière entre les 2 pays.

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Il est 11h55, cela fait donc 3h10 que nous sommes partis. Il nous reste désormais une bien longue descente à effectuer pour rallier le point de départ. Le début est bien raide mais se fait somme toute sans difficulté. Peu à peu, nous retrouvons de la verdure. La pente s’est adoucie, je crains que le retour soit bien long…

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Le vent souffle fort aujourd’hui, nous cherchons à nous en abriter pour prendre notre repas. Ça sera vers 2550 m au Clapier. Il est 13h. Le passage à gué est juste en dessous de nous, nous observons comment nos compagnons de rando (les deux hommes, le jeune couple, les 3 Italiens qui ont encore lâché le chevelu) le franchissent. Aucun doute, il faudra se déchausser ! No problemo. C’est ainsi qu’après notre pause méridienne, nous aussi allons traverser à gué, vers 14h/14h30. Il s’agit de ne pas se rater, je ne voudrais pas me donner en spectacle aux 3 Italiens qui attendent leur copain sur l’autre rive (vu que chuter dans l’eau est un peu ma spécialité, en plus!). Tout se passe bien, ouf ! À notre tour d’attendre le dernier randonneur du jour du « tour de la Bessanese », persuadée que je suis que le chevelu ne voudra pas ôter ses chaussures. En effet, quand il arrive, on voit qu’il traîne des pieds ! Il se saisit d’une énorme pierre et la jette dans le torrent, dans l’espoir de faire un passage. Plouf ! La pierre disparaît sous les flots. Il cherche, il cherche, tente de passer sur les canalisations… Malheureux, ne fais pas ça ! Ses potes ne s’en préoccupent guère, seul l’un d’entre eux lui indique le meilleur endroit pour passer. Mais aucun ne va l’aider. Ça me choque un peu. Il n’a pas de bâton, je lui propose les miens, qu’il refuse. Finalement, il finit par se déchausser et l’un de ses potes lui filera un bâton. Quand même ! Il n’a pas rattaché son sac à dos qui ballotte dans tous les sens, j’ai peur que ça provoque un déséquilibre et qu’il finisse à la baille, mais non, il s’en sort très bien. Bravo à lui ! En revanche, je ne félicite pas ses copains ;-(

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Nous poursuivons notre route tranquillement jusqu’à la cabane des bergers (2420m). C’est là que se décide la fin de notre itinéraire : ou aller au refuge d’Averole pour y prendre une bonne bière, bivouaquer autour et pourquoi pas – si c’est possible – y prendre le repas du soir, ou bien aller directement au hameau et prendre la navette qui nous ramènera à la voiture.

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Il est 15h05, après quelques minutes de réflexion, nous optons pour le retour direct au hameau d’Averole, sans passer par le refuge. D’après les indications, c’est plus rapide. Oui, ben en cours de chemin, on se demande si les temps donnés n’ont pas été inversés, car c’est interminable, et en plus, ça remonte… Mais en même temps, ce sentier balcon offre une vue magnifique sur la Bessanese, le refuge et donc une partie de l’itinéraire que nous avons parcouru.

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À 16h20, soit 7h35 après notre départ, nous sommes à Averole. Nous avons juste le temps de refaire le plein d’eau fraîche et de bien nous désaltérer avant de prendre la navette qui nous ramène aux Vincendières. Le chauffeur nous reconnaît, il nous dit que nous avons eu des conditions exceptionnelles pour effectuer ce trek, car visiblement, il est rare d’avoir 3 jours d’affilée de beau temps. Et c’est vrai que nous n’avons pas eu à nous plaindre, même si j’ai trouvé que le fond de l’air était un peu frisquet quand même. Il nous dépose carrément à la voiture, ainsi nous en avons fini du portage de gros sac.

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Voilà, la boucle est bouclée et nous revenons émerveillés de ce petit périple, sauvage, peu fréquenté, offrant une variété de paysages et de terrains qui sublime chacun de nos pas. Peu de dénivelé et de distance sur ces trois jours (surtout par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire) mais un circuit qui se mérite tout de même, car il est loin d’être une autoroute (rien à voir avec le Tour du Mont Blanc, par exemple) et on a franchement l’impression de faire plus que ce qui est annoncé (et pourtant, je n’ai pas pour habitude de surestimer les données).

Bref, à peine terminé, j’ai envie de recommencer !

Merci Lalou pour une partie des photos ;-) 

Les cartes (trouvées après le trekk)

J1 :

carte E1 bessanese

 

J2 :

carte E2 a bessanese

carte E2 b bessanese

 

J3 :

carte E3 a bessanese

carte E3 b bessanese

carte E3 c bessanese

carte E3 d bessanese

La carte de Lalou (mais le parcours était différent sur la sienne)

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Le profil (source : refuge Averole)

profil bessanese

 

Et une belle bambée effectuée tout près en août 1998, le pèlerinage de Rochemelon. Ma première grosse rando en montagne, mon premier glacier, mon premier récit.

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Commentaires
G
Chère Murielle, Bonjour,<br /> <br /> Nous avons un ami commun, Jean-Robert, le Nantais Pyrénéen.<br /> <br /> Adepte de la randonnée parfois ardue et quelque fois glaciaire, j'ai beaucoup apprécié votre récit sur votre itinéraire mauriennais.<br /> <br /> Je randonne depuis maintenant 6 ans en Vanoise, d'abord à Tignes et ses environs puis actuellement à Pralognan. Vous avez parlé du Tour des Glaciers de la Vanoise et sa fréquentation au combien vraie. Mais il existe d'autres itinéraires très intéressants beaucoup plus sauvages et non pas désertés mais réservés aux vrais randonneurs que nous sommes. Je pourrai vous en proposer quelques uns si vous le souhaitez. Allez sur mon site Facebook et vous pourrez voir mes dernières sorties 2021. Peut-être à bientôt. Gilbert
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P
Bessannais, bessannais mucho ...<br /> <br /> Murielle, merci infiniment pour le partage de cette magnifique boucle ! Quant au chevelu...
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L
Très joli récit qui est à l'image de ce splendide Tour de la Bessanèse dont je n'avais jamais entendu parler... Merci à toi de l'avoir déniché. J'ai très envie d'y retourner aussi, mais en ski de rando, histoire de descendre ces pentes raides d'éboulis mais remplies de neige cette fois!! <br /> <br /> En effet, ma super carte transfrontalière dont on m'avait vanté les mérites fourmille d'erreurs tant au niveau des chemins qui ne correspondent pas au balisage actuel, qu'au niveau de la précision des dénivelés qui - dans la partie italienne - m'ont semblé très approximatifs. Les barres rocheuses sont mal indiquées, un peu comme sur les cartes espagnoles où lorsque les courbes de niveau se rapprochent, il faut en déduire un précipice.<br /> <br /> Hummm... Sinon, ai-je été si ronchon que ça?! ;-) <br /> <br /> Et dommage qu'on n'ait pas échangé nos contacts avec les italiens, le chevelu aurait été ravi de te lire, hihihi!
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L
Très très beau parcours que tu nous partages là. C'est même plus beau que l'Ariège, enfin..... très différent. Merci Mumu pour ce partage.
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