La Pica d'Estats, septembre 2007...

11 septembre 2007

... ou comment faire une découverte expresse de l' Ariège

Le 11 septembre 2007.
Journée mémorable.

L' Ariège, c'est minéral.

Pour pouvoir commencer la rando de bon matin, Eric, Jean-Phi et moi allons passer la nuit au refuge du Monicou, un petit hameau près d'Auzat.

A peine arrivée, je suis prise d'une immense douleur dans le ventre. Jamais cela ne m'était arrivé auparavant. Est-ce le pain que nous avons acheté à Llivia qui pèse trop sur mon appareil digestif? Il faut dire qu'il était tellement bon que je ne m'en suis pas privée.
Je vais m'allonger, un peu inquiète. Je ne voudrais pas priver les garçons de ce périple ariégeois. Mais si la douleur ne passe pas, l'aventure sera compromise...
Ouf, heureusement, après cinq à dix minutes de repos, la douleur disparaît.

Le refuge (qui est plutôt un gîte) est très sympa. Il est tenu par une vieille dame qui habite un peu plus loin (au café). Elle semble être la seule âme vivante du coin. Quel courage!

Après un repas énergétique, nous allons nous coucher. Demain, une longue journée nous attend.

Le point de départ se situe près du barrage de Soulcem.
Le parcours a été repéré par les garçons sur Internet; il n'est pas toujours balisé. Il fait frisquet de bon matin. Pour nous réchauffer - on va dire ça - nous partons à un bon rythme, enfin pour Eric et moi, parce que pour Jean-Phi, c'est de la ballade!

Je m'essouffle rapidement, mais je ne perds pas le fil. Nous passons à proximité de petits lacs, nous en voyons d'autres au loin, avec des couleurs allant du bleu au vert. Joyaux posés dans le creux des vallées...

Nous perdons le chemin une première fois, alors nous descendons dans une belle zone d'éboulis et remontons par une cheminée. C'est génial!

Mais l'aventure ne fait que commencer! En effet, la suite du parcours se fait par les crêtes. Et alors là, soudainement, des ailes se mettent à pousser sous mes semelles... C'est l'éclate totale! Je monte, je descends; que dis-je? Je vole!

Ce contact avec le minéral me satisfait pleinement. Au milieu de ce paysage, j'ai l'impression d'être dans mon élément. Ces parties où il faut s'aider de ses mains, où il faut toucher la roche, où je sens mes doigts devenir tout râpeux au contact de la pierre me comblent.

Le plaisir prend le pas sur les battements de mon coeur. L'effort prend une toute autre dimension, je ne ressens plus aucune gêne respiratoire.

Je fais corps avec cet environnement qui pourrait paraître hostile.

La montagne devient mon terrain de jeu, un immense territoire où je me sens bien, auquel je me raccroche sans plus penser à rien, dans lequel je n'ai que mes pieds et mes mains pour avancer. Et certainement mon coeur et mon âme...

Difficile d'exprimer ce que j'éprouve...

Après cet instant d'ascension mémorable, nous arrivons à la pique d'Estats, le plus haut sommet catalan.

Nous déjeunons un peu plus loin.

Puis nous redescendons vers le flanc du Montcalm. Eric, qui s'est fait mal au genou dans les éboulis, ne veut pas atteindre son sommet (il doit falloir 20 à 30 minutes pour y parvenir). Ce n'est pas bien grave.
S'amorce alors une longue descente. Nous perdons la piste. Les ravins nous contraignent à faire demi-tour à plusieurs reprises. Enfin, nous apercevons le lac de Soulcem en contrebas. Arrivé à son niveau, nous le longeons un bon moment. Là, les garçons se mettent en tête de me semer, mais je ne les lâcherai pas. Non mais!

Ils prendront un tout petit peu d'avance 5 minutes avant d'arriver à la voiture, mais c'est tout... Après tout, je ne suis pas pressée de rentrer!

Mais j'avoue aussi que j'ai un peu mal aux jambes...

Cette aventure est l'une de celles qui m'a le plus marquée. Je sais que c'était un parcours difficile, mais je n'ai pas ressenti cette difficulté et je me suis vraiment sentie bien sur les crêtes. J'ai adoré et je crois que rien ne me plaît tant dans les activités de pleine nature que ce contact avec la roche. Ne me demandez pas pourquoi, je ne pourrais pas l'expliquer!
De plus, nous avons bénéficié d'une journée magnifique, avec beaucoup de soleil. Journée idéale, quelle chance! Car je dois bien reconnaître que dans d'autres conditions, cette escapade (qui en fut vraiment une pour moi!) se serait avérée dangereuse, même irréalisable. Et tout ça, en Pataugas ;-)

D'autres photos de cette aventure en bas du récit de 2012